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la loi salique, à Carobert, le jeune roi de Hongrie, fils de l’aîné des enfans de Charles II, ce Charles-Martel, le pur et beau chevalier dont le nom était resté si populaire, même parmi les adversaires de la maison d’Anjou, que Dante l’a placé dans le troisième ciel de son Paradis. Contre ceux qui lui jetaient le nom d’usurpateur, Robert devait en appeler au témoignage de son frère, dès que celui-ci eut reçu de l’Eglise l’autorité d’un avocat près de la Justice divine. Quand Louis avait formulé sa renonciation au trône, elle avait été traduite, non en faveur de son neveu encore tout enfant, mais en faveur du frère qui avait partagé sa captivité : le roi Charles II avait aussitôt conféré à Robert le titre de vicaire général du royaume et l’avait traité comme l’héritier désigné. Le tableau commandé à Simone Martini devait donc attester, même aux mécontens, que le roi tenait sa couronne de la volonté de son aîné, exécutée par son père. À ce titre, le panneau destiné à l’église Santa-Chiara n’était pas seulement un témoignage de dévotion, mais véritablement un acte de politique. Il est probable que cette manifestation, dont le premier peintre de Sienne fut l’instrument, prit occasion d’une circonstance aussi favorable que la canonisation, et que le tableau de Simone suivit de près la bulle de Jean XXII.

On peut voir au musée d’Aix, en Provence, un petit tableau siennois, anonyme et médiocre, qui rappelle de loin le chef-d’œuvre de Naples. Saint Louis de Toulouse y est représenté debout, en vêtemens pontificaux ; à ses pieds, le roi Robert et la reine Sancia sont agenouillés tous deux, en grand costume d’écarlate, avec la couronne, la ceinture d’or et l’étole armoriée. La provenance de ce curieux panneau est inconnue et l’on ne peut décider s’il a été apporté de Naples ou exécuté par quelque Toscan établi en Avignon. Mais, dans la capitale des rois angevins, il existe une peinture où le roi et la reine, avec deux de leurs enfans, sont représentés à genoux devant le Christ et quatre saints franciscains, parmi lesquels est debout saint Louis de Toulouse. C’est une fresque tout enfumée qui occupe une paroi entière du vaste réfectoire de Santa-Chiara. Robert, Sancia, le duc Charles de Calabre et la princesse qui sera Jeanne Ire y sont figurés en costume d’apparat. La peinture, robuste et sèche, n’est pas de Giotto, mais elle est à coup sûr d’un de ses élèves. Saint Louis d’Anjou entouré de ses parens, qui participent à sa gloire tout en invoquant son intercession, est un sujet officiel, qui s’imposait aux