della Francesca à Arezzo. Les della Robbia l’ont reproduit à l’envi, sur le champ, sur le cadre, sur la prédelle de leurs retables émaillés. Donatello a fondu deux fois sa statue, pour les franciscains de Santa-Croce à Florence, et pour le « Santo » de Padoue. Au Louvre, l’évêque de Toulouse reparaît dans trois tableaux, peints par le Moretto de Brescia, par un élève de Filippino Lippi et par un élève de Cosimo Rosselli. Vous le rencontrerez dans tous les musées qui contiennent des œuvres italiennes du XIVe et du XVe siècle, à Londres, à Berlin, à Munich. Mais il est une ville d’Italie où les artistes semblent avoir entouré d’une prédilection spéciale le saint français : c’est Pérouse, probablement à cause de la piété franciscaine qui devait régner dans la cité voisine d’Assise. Sans même visiter une à une les églises, restons dans le Palais communal, où le griffon héraldique de la ville aux changeurs garde un trésor de peintures anciennes. Nous trouvons d’abord, dans une salle qui a conservé sa décoration du XVe siècle, des fresques de Buonfigli qui représentent trois scènes de la vie de saint Louis de Toulouse, en pendant à la vie de saint Ercolano, patron de Pérouse : la consécration du jeune évêque, puis un miracle qui rappelle la légende de l’anneau de Gygès, enfin, les funérailles du saint dans une grande basilique, pareille à Sainte-Marie-Majeure. Puis viennent, dans de petites salles, les collections formées des dépouilles de tous les couvens supprimés : chaque salle renferme au moins un saint Louis, dans tout l’éclat de ses vêtemens pontificaux. La série est ouverte par Taddeo di Bartolo, le peintre siennois qui fut appelé à Pérouse et qui y éveilla par l’exemple de son talent une école féconde ; et tous les Ombriens suivent leur ancêtre : le Pérugin, Pinturicchio, Tiberio d’Assise, chacun a signé son saint Louis.
Je m’arrête dans cette énumération, car mon dessein n’est point de rédiger un catalogue, en esquissant un chapitre d’iconographie qui touche par tant de points à l’histoire vivante ; heureux, si quelque lecteur se plaisait à compléter pour lui-même ces indications rapides, au cours de ses lectures, ou de ses voyages artistiques.
Repassons en revue, d’un dernier coup d’œil, l’armée des saints Louis, qu’ont fait surgir de toutes parts les peintres et les sculpteurs italiens. Quand on voit le saint français aussi populaire que saint Antoine de Padoue, et bien plus fêté qu’un saint Bonaventure, on peut croire que les peintres, non contens d’exécuter fidèlement