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non point par continuité, comme on le supposait autrefois, d’après le schéma de Gerlach.

Ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans de grands détails sur les formes de ces élémens. Le traité classique d’Histologie de Mathias Duval, ouvrage admirable de clarté, comme d’ailleurs toutes les autres publications de cet esprit lumineux, peut être consulté utilement par le lecteur désireux de pénétrer plus avant dans ces questions. M. Mathias Duval a d’ailleurs greffé sur la doctrine du Neurone une théorie de l’amiboïsme nerveux ou de la plasticité cellulaire qui fournit une représentation de phénomènes soit de la vie physiologique, soit de la vie consciente. C’est en étudiant plus particulièrement les fonctions du cerveau que l’examen de cette jeune doctrine pourra trouver sa place.

On verra, dans les ouvrages classiques comme celui de Mathias Duval, que les terminaisons des neurones se partagent en deux groupes : d’un côté, l’axone seul, de l’autre les prolongemens plasmiques ou dendrites. L’axone, ou cylindraxe, avait été décrit comme une tige indivise, également calibrée partout, transparente comme une verge de cristal, formée d’une matière homogène comme si elle provenait d’une coulée. La méthode d’Ehrlich a fait voir, au contraire, qu’il est composé de fibrilles, aperçues déjà, qui se continuent à travers le corps cellulaire. Le procédé de Golgi, d’autre part, a révélé de nombreuses divisions du cylindraxe, que l’on appelle des « collatérales. » De telle sorte qu’il y a une arborisation cylindraxile comme il y a une arborisation plasmique. L’une représente le chevelu des racines, tandis que l’autre forme la ramure d’un arbre dont le cylindraxe est le tronc ; le corps cellulaire étant placé tantôt à la base et tantôt à la cime. Cet élément offre la particularité d’être traversé par le courant nerveux, toujours dans la même direction, de la base au faîte, des ramifications du cylindraxe aux prolongemens plasmiques : on dit qu’il est polarisé fonctionnellement. M. Morat a prouvé, par des expériences aussi ingénieuses que délicates, que l’influx nerveux parcourt tout ce neurone, à allure égale, et à égale intensité dans toutes ses parties. Le corps cellulaire, où qu’il soit, n’y apporte point de changement. Ce fait si intéressant et irréfutable, est directement contraire à l’hypothèse qui a été faite, et d’après laquelle la cellule serait un modificateur puissant de l’influx, une sorte d’accumulateur placé sur un réseau électrique.