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Il faut, au demeurant, laisser, en cette matière, une certaine marge à l’industrie privée Le Daily Mail, organe de M. Chamberlain, aurait bien voulu mettre en cause le gouvernement français, lorsqu’il accumula, dans le milieu de janvier, les griefs de l’Angleterre contre la compagnie du Creusot, l’accusant, après une enquête sur place, disait-il, de fabriquer jour et nuit, sans repos, de l’artillerie et des munitions pour les Boers, déclarant en outre « tenir de bonne source » que, depuis dix-huit mois ( ! ), plus de cent mécaniciens, parmi les meilleurs de cet établissement, étaient allés au Transvaal former les soldats de la république sud-africaine au maniement de l’artillerie. Mais le Creusot, qui ne se rattache par aucun lien, même officieux, au gouvernement de notre République, est libre de choisir ses cliens. Une seule chose est démontrée, c’est qu’il a refusé de fournir un matériel de guerre au War Office. L’usine autrichienne de Skoda put agir de même et s’abstenir de vendre au gouvernement anglais des canons qu’elle avait fabriqués. Les gouvernemens, en se gardant de forcer la main à ces établissemens, n’ont assurément enfreint aucune règle internationale et sont demeurés fidèles à leur devoir de neutralité.


VI. — LES CABLES SOUS-MARINS ET LES CONVENTIONS TÉLÉGRAPHIQUES

Quelques semaines après l’ouverture des hostilités, l’Europe fut profondément étonnée de ne recevoir les nouvelles de l’Afrique australe, — l’Angleterre ayant profité de l’apathie universelle pour monopoliser à son profit presque tout le réseau télégraphique sous-marin, — que par l’intermédiaire des Anglais et selon leur bon plaisir.

Dès le 20 octobre, plusieurs journaux annonçaient qu’une dépêche chiffrée adressée par un banquier de Paris à son correspondant de Madagascar était arrêtée par les agens du gouvernement britannique. « De quel droit ? demandait le Moniteur universel. Tamatave ou Tananarive ne sont pas, que nous sachions, compris dans le rayon éventuel des opérations dont l’Afrique australe est le théâtre. » Les Anglais en vinrent promptement à supprimer toute communication chiffrée entre l’Europe et les diverses colonies européennes de l’Afrique orientale ; l’avis suivant fut publié par le département des postes et télégraphes : « Le câble télégraphique entre Lourenço-Marquès et Mozambique