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a été réparé ; les communications avec l’Afrique du sud par le câble de la côte orientale sont donc rétablies. Il a été jugé nécessaire de suspendre à Aden, comme on l’a fait au Cap, la transmission des télégrammes en mots de code ou en chiffres envoyés soit par les gouvernemens étrangers, soit par les particuliers, à destination ou en provenance de Zanzibar, Seychelles, Maurice, Madagascar, l’Est-Afrique anglaise, l’Est-Afrique allemande, Mozambique, Delagoa-Bay, Rhodesia, Afrique centrale anglaise, État libre, Transvaal, colonie du Cap, Natal. Les télégrammes ordinaires seront soumis à la censure. » Le Journal des Débats dénonça dans les termes les plus vifs les intolérables embarras qu’un procédé semblable allait causer aux gouvernemens européens.

Le cabinet de Saint-James fit, naturellement, la sourde oreille. Un télégramme de Berlin informa, le 23 décembre, tous les pays commerçans que les Anglais refusaient de transmettre les ordres télégraphiques à destination de Lourenço relatifs aux objets de première nécessité, vivres, sucre, pétrole par exemple, de peur que ces objets ne fussent réexpédiés au Transvaal. Deux nouveaux faits furent signalés quelques jours après par la presse française : un télégramme en langage clair, envoyé le 2 janvier par la Compagnie lyonnaise de Madagascar à sa maison de Tananarive, fut arrêté à Aden par la censure anglaise[1] ; le même jour, un correspondant marseillais de la même maison télégraphiait à son fils, en résidence à Majunga, les mots suivans : « Patiente, Pagnoud, câble Tananarive ; » le télégramme fut encore arbitrairement retenu par la même censure et simplement confisqué. L’indignation et l’inquiétude redoublèrent.

Toutes les fois qu’il s’agit d’atténuer les maux de la guerre, on est sûr de trouver le jeune empereur de Russie au premier rang parmi les promoteurs d’une réforme salutaire. On peut donc croire à l’information publiée le 6 janvier par la Gazette de Cologne : « Le gouvernement russe vient d’adresser aux cabinets une circulaire pour leur demander s’ils estiment que la façon dont l’Angleterre intercepte ou renvoie les télégrammes non seulement privés, mais administratifs, en provenance ou à destination des deux républiques, se concilie avec le traité télégraphique international conclu à Saint-Pétersbourg en 1875[2] avec les

  1. Par surcroit on refusait de rembourser 85 franc », montant du prix de la dépêche.
  2. La plupart des journaux ont imprimé par erreur « 1895 » au lieu de « 1875. »