d’abord la route de la côte ouest, puis de relier les villages de l’intérieur à des ports par des chemins perpendiculaires aux rivages qui permettraient d’accéder facilement aux embarcadères ? La Nouvelle-Calédonie est un fuseau long et étroit ; ses moyens de communication les plus naturels et les plus économiques sont évidemment par eau. Toutes les colonies, actuellement, veulent avoir leur chemin de fer, et les « colonisateurs en chambre » de la métropole en tracent volontiers des milliers de kilomètres sur leurs cartes ; mais on néglige parfois d’étudier quel sera le rendement utile de la ligne et si des moyens moins coûteux ne procureraient pas des avantages équivalens. Le chemin de fer, dit-on très souvent, est l’outil par excellence de la colonisation et volontiers l’on cite l’exemple du Canada. Mais le Canada, continent massif, sans côtes, plat, glacé l’hiver, ne pouvait être fécondé que sur le passage d’une voie ferrée. Il en va tout autrement dans une île montueuse où l’on n’est jamais à plus de 25 kilomètres de la mer. Certes le chemin de fer calédonien serait très utile, mais la question est de savoir s’il ferait ses frais et si les services qu’il rendrait seraient proportionnés aux dépenses qu’il nécessiterait.
Les cafés embarqués pour l’Europe ont à payer 75 francs de fret par tonne, puis la demi-taxe à l’entrée en France, soit 78 francs par 100 kilogrammes. Ils sont enfin débarqués ; mais il reste à les vendre dans de bonnes conditions. Les cafés calédoniens ont un arôme très fin, mais, sans doute en raison de l’âge des plantations, ils sont légers ; ils sont aussi, il faut le dire, généralement mal préparés et mal triés ; l’on ne saurait les assimiler aux produits des vieilles plantations de la Guadeloupe, méticuleusement soignés et classés, comme des vins de grands crus. Les cafés calédoniens ont été, jusqu’ici, presque toujours vendus à leur valeur, moins cher que les produits de tout premier choix, mais de 5 à 10 pour 100 plus cher que les « Guayra, » les « Porto-Cabello » et autres cafés « de bon goût » de la côte de l’Amérique centrale[1]. On s’est plaint quelquefois que des négocians aient baptisé « Moka » ou « Bourbon » les cafés calédoniens, mais il faut tenir compte des habitudes de la clientèle, qui ne connaît pas la qualité
- ↑ Les cafés calédoniens, en 1897 et 1898, ont été cotés sur place entre 1 fr. 50 et 2 francs le kilogramme. D’après les chiffres de la douane, il en a été importé, dans ces deux années, pour une valeur de 691 000 et de 712 000 francs, ce qui indique une production un peu inférieure à 500 000 kilogrammes.