Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 158.djvu/838

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L’INFLUENCE FRANÇAISE
DANS
LA LITTÉRATURE ALLEMANDE CONTEMPORAINE

M. ARNO HOLZ

Les vingt premières années du nouvel Empire allemand n’ont pas brillé d’un grand éclat littéraire. C’était là, pour la vanité de nos voisins, à tant d’autres points de vue satisfaite, une plaie vive, dont ils sentaient amèrement la brûlure. Aussi retentit au delà du Rhin un cri d’allégresse, et bientôt Lin hymne triomphal lorsque se leva, vers 1889, toute une jeune pléiade de talens naissans qui semblaient enfin devoir prospérer au soleil de la gloire militaire, et porter sans retard des fruits savoureux. Dix années ont passé sur ces espérances ; mais la moisson de renommée est moins abondante que ne l’avaient pensé les enthousiastes de la première heure, à l’aspect de cette germination miraculeuse. M. Sudermann, l’intéressant auteur de Frau Sorge, paraît avoir décidément perdu les suffrages des délicats, pour ne conserver qu’une popularité de médiocre aloi. M. Halbe a mal satisfait par la suite les admirateurs, peut-être trop empressés, du drame séduisant qu’il intitula Jeunesse[1]. M. Hauptmann reste

  1. En 1893, a écrit A. Bartels, on pouvait croire que la scène allemande serait régie par un triumvirat : Sudermann, Hauptmann, Fulda. Mais Fulda-Lepidus resta bientôt en chemin, Sudermann-Antoine le suivit, et il ne resta plus enfin que Hauptmann-Octave. (Die deutsche Dichtung der Gegenwart.)