Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 158.djvu/890

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le tarif douanier des Etats-Unis d’Amérique a établi un droit d’entrée sur le sucre d’après le poids et la richesse saccharine (§209). À ce droit s’ajoutent, en vertu de la section V de ce tarif, une surtaxe équivalant à la prime d’exportation des pays d’origine, et un droit additionnel représentant le montant de la détaxe consentie dans ces mêmes pays sur les excédens de rendement : le gouvernement fédéral considère que cette détaxe équivaut à une prime indirecte, et frappe les sucres français de 9 fr. 62, 11 francs et 12 fr. 37 par quintal, selon les qualités. D’autre part il a conclu, en juillet 1899, des traités dits de réciprocité avec la Guyane anglaise, la Jamaïque, les Barbades et les Bermudes, qui accordent à ces colonies anglaises une détaxe de 12 pour 100 sur leur sucre importé aux Etats-Unis. Le sucre hawaïen y est depuis longtemps exempt de droit : cette exemption constitue une faveur énorme pour les planteurs américains, qui ont établi une sorte d’esclavage dans l’archipel. La question se pose maintenant de savoir si l’annexion des Philippines et de Porto-Rico n’implique pas l’entrée en franchise de leur sucre aux Etats-Unis. Les jurisconsultes estiment qu’il en est ainsi, et le président Mac Kinley a déjà, dans son Message de décembre 1899, demandé que le bénéfice en fût concédé à Porto-Rico. Pour l’obtenir, Cuba pourrait être amenée à demander son annexion comme territoire fédéral : l’Amérique renoncerait alors d’une façon générale aux droits sur le sucre de canne, qui représentent en ce moment une recette de 60 millions de dollars par an pour son budget.

Après avoir ainsi esquissé la législation des principaux pays, nous ne pouvons mieux faire, pour montrer comment se heurtent les intérêts particuliers, que de rappeler les tentatives d’entente internationale qui se sont produites et renouvelées à des intervalles plus ou moins rapprochés.


IV

A la Conférence sur le régime des sucres tenue à Bruxelles en 1898, et à laquelle étaient représentées la France, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, l’Espagne, la Hollande, la Russie et la Suède, le président, M. de Smet de Naeyer, ministre des finances de Belgique, déclarait que le problème que les gouvernemens s’appliquent depuis si longtemps à résoudre se