publiait M. Alcide Ebray sur les divers projets de loi que le gouvernement italien a présentés il y a déjà près de deux ans, et qu’il n’a pas cessé depuis de déclarer absolument nécessaires, indispensables, pour servir de garantie au rétablissement de l’ordre. L’étaient-ils ou. ne l’étaient-ils pas ? S’ils l’étaient, il fallait les maintenir avec la dernière énergie ; s’ils ne l’étaient pas, ce n’était pas la peine d’agiter le pays pendant si longtemps et de prolonger une crise qui a tenu toute sa vie politique en suspens, pour arriver à en faire l’aveu public. Aveu d’erreur, ou d’impuissance ? Que ce soit l’un ou l’autre, le gouvernement s’est placé dans la situation la plus fausse et son autorité morale en est incontestablement diminuée.
Après les scènes de désordre qui se sont produites à la Chambre des députés, il a retiré le décret-loi qui a fait couler tant d’encre et proférer tant de paroles. Puisqu’il devait en venir là, il aurait mieux fait de le faire tout de suite. Il a obtenu à la vérité une réforme du règlement de la Chambre des députés ; mais c’est se contenter de bien peu, quand on avait annoncé et poursuivi avec passion la réforme de toute la législation existante en matière de presse et de réunions publiques. Si une réforme du règlement suffisait, pourquoi ne l’avoir pas dès le premier jour reconnu ? Peut-être l’opposition n’y aurait-elle pas fait la résistance furieuse qu’on n’a vaincue que par des procédés irréguliers ; peut-être les scènes déplorables qui ont failli déshonorer, en Italie, le régime parlementaire auraient-elles été évitées. Et cela aurait mieux valu pour tout le monde. Aujourd’hui, tout le monde est mécontent. On conçoit que les amis du ministère le soient plus particulièrement. Voilà donc à quoi devait aboutir l’immense effort qu’on leur a imposé ! Le décret-loi a été retiré. Mais l’opposition, qui devrait, au contraire, être satisfaite et qui l’est sans doute au fond de l’âme, se garde bien de le manifester. D’abord sa victoire lui cause une telle surprise qu’elle n’en est pas encore bien sûre, et qu’elle hésite à y croire. Elle se demande s’il n’y a pas eu, de la part du général Pelloux, une simple ruse de guerre, une manœuvre habile pour éviter, pendant les vacances parlementaires, l’agitation qui se préparait, sauf à reprendre plus tard ses projets de loi lorsque le parlement se réunira de nouveau. Il aurait ainsi enlevé à l’opposition les moyens dont elle comptait se servir, et dont elle se servait déjà pour soulever les colères, troubler les esprits et demander la révision du pacte constitutionnel lui-même. Les vacances seraient devenues une trêve, et peut-être en serait-il résulté un apaisement dont les partis extrêmes ne veulent à aucun prix. Loin de désarmer, ils annoncent la volonté