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minium. L’aluminium servira de véhicule pour les amener en présence des métaux auxquels on voudra les allier.


IV

Un épisode très intéressant de ces recherches a été l’étude du carbone et de ses variétés, étude très approfondie et très riche en faits nouveaux tout à fait dignes d’attention.

On ne saurait exagérer l’importance du carbone. Le développement de la chimie organique l’a bien mise en relief, puisque cette science tout entière n’est autre chose que l’étude des propriétés du carbone combiné. La connaissance du carbone simple en forme le préambule naturel. M. Berthelot, à qui l’on doit les plus belles recherches et les vues les plus pénétrantes sur ce sujet, a pu dire que le carbone, tel qu’il nous est connu à l’état de liberté, n’est pas comparable à un corps simple véritable ; il mériterait d’être assimilé, au contraire, à un carbure d’hydrogène qui contiendrait très peu d’hydrogène ; ce serait, en d’autres termes, un corps très condensé, par suite de l’union d’un grand nombre de molécules simples. Et, de fait, M. Moissan, en appliquant tous les moyens d’obtenir le carbone, c’est-à-dire, de l’extraire des composés organiques, a constaté qu’il est presque impossible de l’obtenir à la fois pur et amorphe. On n’approche de l’avoir pur qu’en le chauffant de plus en plus, c’est-à-dire en le polymérisant.

Depuis les études de Brodie et de M. Berthelot sur l’acide graphique, on sait qu’il existe trois variétés principales de carbone, et seulement trois : le diamant, le graphite, le carbone amorphe. L’action de la haute température a pour effet d’amener ces diverses variétés à l’état commun de graphite si l’opération se fait à la pression ordinaire. Dans ces conditions, un grand nombre de corps peuvent dissoudre le carbone ; ils l’abandonnent ensuite, par simple refroidissement. C’est alors, toujours du graphite et rien que du graphite.

Une autre constatation mérite encore l’attention. M. Moissan a établi que le carbone, comme le bore, passe de l’état solide à l’état gazeux directement, sans prendre l’état liquide. En un mot, il subit la sublimation ; quand il repasse à l’état solide, nous venons de dire qu’il fournit toujours du graphite.

Mais, si à l’action de la haute température, on unit l’effet d’une très forte pression, le carbone, cette fois, traverse l’état liquide, avant de le réduire en vapeur. Et alors, en retournant à l’état solide, il prend