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la forme de diamant, de diamant cristallisé ou de diamant arrondi et amorphe, ce qui en est une variété naturelle aujourd’hui bien connue. La netteté du cristal tiendrait à la pureté de la matière et à la grandeur de la pression exercée sur lui. À mesure que celle-ci décroît, le diamant est souillé de parcelles noires de charbon qui lui donnent une coloration variant de la teinte de fumée au noir franc. Avec la pression faible on n’obtient plus que le diamant noir plus ou moins mal cristallisé que l’on nomme carbon.

Les études ont donc abouti, sur ce point, à une théorie de la formation du diamant par le jeu simultané de la pression et des hautes températures. En fait, elles ont conduit le savant chimiste à la synthèse du diamant, non pas illusoire, comme celle que l’on attribue encore quelquefois à Despretz, mais réelle et certaine. M. Moissan a reproduit le diamant noir et le diamant transparent, en octaèdres réguliers, en cubes à fragmens confusément cristallisés, en gouttes, en cristaux fragiles, tantôt transparens et limpides, tantôt souillés des taches appelées « crapauds, » — c’est-à-dire, en définitive, sous toutes les formes et les aspects qu’il revêt dans la nature et que l’on rencontre dans les gisemens du Cap ou du Brésil.


V

La dernière partie de ces recherches, et non la moins importante, se réfère à l’étude des borures, siliciures et carbures métalliques.

M. Moissan a montré que, si le four électrique est un instrument d’analyse, il est aussi un instrument de synthèse. Si les composés les plus stables de la chimie minérale disparaissent dans le four électrique tantôt en s’y dissociant, tantôt en s’y volatilisant, il y a d’autres composés, plus stables encore qui s’y forment. Et ceux-là, ces composés nouveaux, présentant une stabilité exceptionnelle, ce sont les borures, les siliciures et surtout les carbures métalliques.

Ces corps sont des combinaisons parfaitement définies. On les obtient à l’état cristallisé. Ils sont en petit nombre. Aux températures très élevées, il n’en existe le plus souvent qu’une seule combinaison pour chaque espèce. M. Moissan dit quelque part que « la chimie des hautes températures est une chimie simple. » On voit combien ce jugement est fondé, soit que l’on envisage les décompositions qui s’accomplissent ou les combinaisons qui se forment. Parmi celles-ci, ce sont les carbures surtout qui doivent retenir notre attention.

D’une façon générale, les carbures métalliques étaient à peu près