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Encore prenait-on de minutieuses précautions pour que cette tutelle n’apparût pas comme trop lourde : « Vous ferez valoir, recommandait-on à M. Laroche, que la reine conserve intacts ses honneurs, ses privilèges et ses revenus. Vous insisterez sur le soin que nous prendrons de l’entourer des plus grands égards. Loin d’affaiblir les liens qui lui rattachent ses sujets, notre contrôle, par l’esprit dans lequel il sera exercé, contribuera à les fortifier en améliorant le fonctionnement de l’administration locale, et par suite la condition des populations. » Puis, comme si la pensée dirigeante n’eût pas été assez clairement exprimée, on y revenait plus loin : « Je crois devoir, en terminant, attirer votre attention sur l’intérêt qui s’attache à éviter avec soin tout acte de nature à affaiblir sans nécessité l’autorité de la reine aux yeux des populations qui lui sont soumises. Le concours du gouvernement malgache est, en effet, indispensable pour accomplir l’œuvre que nous allons entreprendre... Vous devrez veiller à ce que nos compatriotes ou les colons appartenant à d’autres nationalités s’abstiennent de toute provocation à l’égard des agens de la reine ainsi que de tout abus, de toute vexation à l’égard des populations. »

On peut dire que ces lignes constituent le testament politique du ministère des Affaires étrangères en ce qui concerne l’administration intérieure de Madagascar. Le jour même, en effet, où elles furent écrites par M. Berthelot, un décret rattachait service et crédits au département des Colonies, et ce fut le titulaire de ce