politique[1]. » C’étaient les vues de Tocqueville, le Montesquieu de notre siècle, éloquemment résumées par son successeur à l’Académie française.
La liberté politique, manteau de la servitude civile, la pire de toutes ! mot terrible et profond sur le libéralisme de nos prétendus gouvernemens libéraux. Aucun d’eux ne nous a délivrés de la servitude civile : tous nous ont tenus les menottes aux mains, même dans notre maison, dans notre famille, dans notre église, dans notre usine, dans nos écoles, dans nos affaires, dans nos associations les plus innocentes ; tous nous ont imposé la police et le gendarme comme les collaborateurs nécessaires de nos moindres initiatives. A travers chacune de nos révolutions, l’omnipotence et l’ubiquité de l’Etat n’a cessé de s’accroître et l’obligatoire de nous enserrer de ses mailles oppressives. Le parti révolutionnaire, à la suite de chacune de ses victoires, s’est mis en train de rétablir un ancien régime à rebours. Nous n’avons pas voulu rester les sujets du Roi ou de l’Empereur ; nous sommes devenus ceux de Sa Majesté l’Anonymat parlementaire ; — et le nouveau souverain a la main plus dure que les souverains découronnés.
La véritable liberté ou plutôt le fond, l’essentiel, la substance de toute la liberté, c’est la liberté civile ou sociale, c’est-à-dire celle de gérer ses affaires comme on l’entend, sans gênes inutiles et sans immixtions oppressives, celle d’être le législateur de sa famille, vivant, par l’éducation, mort, par le testament, de pratiquer librement sa religion ou sa philosophie, de s’associer pour la charité, pour la prière, pour la défense de son travail, pour l’exercice en commun de tous les actes qui se rattachent à la vie privée ou à la vie sociale, d’être le souverain absolu de son corps et de son esprit, de sa conscience |et de ses intérêts, en tout ce qui ne concerne pas les autres et n’est pas de nature à leur nuire et à compromettre l’ordre public, enfin d’exercer en sa plénitude « le plus grand de tous les dons que Dieu en créant nous fit dans sa largesse, le plus conforme à sa bonté, celui qui nous rapproche le plus de lui, la liberté de la volonté, dont les créatures intelligentes ont été seules dotées[2]. »
La liberté politique, colle qui consiste à faire des journaux, des clubs, des élections, si elle n’est pas la simple garantie d’une