La quatrième butte, au contraire des deux précédentes, était une butte énorme, de plus de cent mètres de long sur près de cent trente de large et une hauteur de huit ou neuf mètres. Je ne pouvais songer à l’attaquer d’un seul côté ; il fallait la prendre par au moins deux côtés et mieux encore par trois, et, pour le faire avec profit, déblayer les alentours à l’ouest et au nord. Le côté ouest semblait le plus facile et celui qui demanderait le moins de temps ; mais, là encore, je fus cruellement détrompé : trois semaines devaient se passer avant que le déblaiement fût terminé de ce côté. J’y découvris en effet des tombes très importantes, dont l’une était même le monument le plus considérable que j’eusse trouvé de cette époque. C’était un tombeau profond de 6m, 24, long de 15m, 05 et large de 8m,90 ; les murs en briques avaient plus de quatre mètres d’épaisseur : l’incendie qu’y allumèrent les dévastateurs avait été si violent que la brique, de crue, était devenue cuite. On descendait dans ce tombeau par un escalier de 42 marches partagées en deux étages ; la hauteur de chaque marche était de 0m, 09 et la largeur du couloir où se trouvait l’escalier était de 1m, 87. Près de la porte donnant entrée dans l’unique et vaste salle constituant le tombeau, il y avait, de chaque côté, une série de petits retraits dont je n’ai pu découvrir la destination. La salle était entièrement pavée de gros blocs de syénite, très longs et très épais. Cette tombe ne me fournit d’ailleurs que de menus fragmens de vases sans inscriptions ; j’y découvris une stèle en granit, mais elle ne portait aucun caractère. Dans les déblais, je trouvai deux fragmens de vases ouvragés, qui montraient avec évidence combien les Égyptiens de cette époque étaient déjà habiles dans l’art de sculpter les matières les plus dures. Le premier était une main qui devait servir de couvercle à un vase ; j’en trouvai d’abord les quatre doigts et, huit jours après, à environ trente mètres de l’endroit où le premier fragment avait été trouvé, on rencontra le pouce : la sculpture de ce morceau est tellement habile dans sa forme archaïque, les moindres détails des doigts y sont si bien marqués et si naïvement rendus, qu’on s’étonne à bon droit de voir comment les artistes de cette époque ont pu si bien faire. Le second, en même matière, appartenait à un vase comprenant deux parties : un corps de femme sans doute et, devant ce corps, une tête de canard ; du corps de la femme il ne reste plus que le bas de la poitrine et les hanches, la tête de l’oiseau est au contraire complète et semble encore vivante.