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et ayant la longueur de la cour elle-même, la châsse en bois dans laquelle, suivant la tradition égyptienne, était conservée la tête d’Osiris : : si la partie supérieure de cette châsse en bois de cèdre avait été consumée par le feu, la partie inférieure était encastrée dans la rainure. Évidemment elle avait été brisée et avait contribué pour sa part à l’alimentation des multiples incendies allumés.

J’ai même trouvé plus que je ne pouvais espérer : le 2 janvier 1898, vers 4 heures 20 du soir, on m’avertit que trois ouvriers venaient de rencontrer, en déblayant une chambre, une pierre écrite. Je me rendis dans cette chambre, située à un bout du tombeau opposé à celui où je me trouvais alors occupé à prendre des mesures : je vis en effet ce qui me parut une grande dalle de granit et ce qui, en se dégageant peu à peu, se trouva être un bloc de granit gris, sculpté en forme de lit. Le bloc mesurait, dans son ensemble, environ deux mètres cubes. Lorsqu’on eut achevé le déblaiement, on vit que le lit avait été couché sur le côté : je le fis redresser et, du premier coup d’œil, je m’aperçus que c’était, rendue sur pierre, une scène qui m’avait souvent laissé rêveur lorsque je l’avais copiée et revue dans le temple de Séti Ier à Abydos. C’était un lit funèbre, porté par deux lions dont le corps servait de couche : les deux têtes se détachaient à l’avant du lit d’une manière surprenante, et, pour mieux faire paraître et ressortir les pieds, on avait eu recours au procédé peu coûteux qui consistait à blanchir les griffes des pattes. Sur le lit était étendu un homme momifié, coiffé de la longue tiare qu’on appelle la couronne blanche, les deux mains sortant de la gaine et tenant chacune un insigne différent. L’homme a la figure tout à fait jeune ; le corps est plutôt grêle et n’offre pas l’apparence de quelqu’un ayant déjà vécu une longue vie. À sa tête et à ses pieds, sont quatre éperviers semblant pleurer le père qu’ils ont perdu, car le nom du personnage symbolisé se trouve à côté de chacun de ces quatre éperviers, et ce nom, c’est Horus, vengeur de son père. Deux seulement de ces éperviers étaient conservés, un aux pieds et un autre à la tête : celui-ci avait été trouvé, parmi les décombres de la butte cachant le tombeau d’Osiris, environ quinze jours auparavant. Les spoliateurs ne s’étaient pas bornés à détruire les éperviers : ils avaient aussi cassé en partie la barbe postiche descendant du menton du dieu Osiris, comme le nomme une inscription placée près de l’épaule gauche.