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Au milieu du corps, ils avaient aussi complètement détruit un cinquième oiseau, dont on ne voit plus que les pattes ; cet oiseau symbolisait Isis, sœur et femme d’Osiris. car le nom de la déesse se trouve écrit près de l’endroit où était l’oiseau. C’était l’explication de la partie la plus incroyable de la légende égyptienne, celle disant qu’Isis avait pu s’unir à son mari après la mort d’Osiris et concevoir un fils qui fut Horus. Sur le pourtour du lit couraient quatre légendes contenant les noms d’un Pharaon : ces légendes avaient été martelées avec tant de soin dans leur première partie qu’il est impossible de lire le nom du Pharaon.

La présence de ce monument dans le tombeau que j’avais découvert me fut une preuve par surcroît que la tombe était bien celle d’Osiris. L’archéologie égyptienne ne présente pas un seul autre exemple d’un semblable monument, soit dans un simple tombeau, soit même dans un temple. Ce lit est donc unique à l’heure actuelle, et il n’y a pas moyen de douter qu’on ne l’ait mis où il a été trouvé pour des raisons graves ayant trait aux croyances et à la religion égyptiennes.

La découverte du tombeau d’Osiris fut suivie d’une autre qui, bien qu’elle ne soit pas d’une égale importance, a néanmoins aussi son intérêt. J’avais laissé, la première année, au nord-ouest du tombeau d’Osiris, un grand espace qui m’avait paru en dehors des limites de la grande butte : la troisième année, après avoir achevé l’exploration de la tombe dont il vient d’être question, je voulus savoir s’il y avait réellement quelque sépulture en cet endroit et j’y découvris le plus grand tombeau de la nécropole d’Om-el-Ga’ab après celui de Set et de Horus. Il était entouré d’une enceinte carrée, séparée du tombeau proprement dit par un corridor d’environ 1m, 50. Le plan en était régulier dans son irrégularité même. Comme celui d’Osiris, il avait été saccagé avec un grand soin, mais les dévastateurs avaient oublié une chambre dans leur précipitation, et cette chambre me fournit une partie du mobilier qui remplissait le tombeau, partie bien petite à la vérité, mais très précieuse par les objets qu’elle mit entre mes mains. S’il faut en croire les bouchons coniques en terre : estampillés au nom du possesseur, bouchons que j’ai trouvés en abondance et qui sont tous, sans aucune exception, au nom d’un même individu, celui qui aurait été enterré dans ce tombeau serait le Pharaon Perabsen, connu par ailleurs, mais que l’on ne savait où ranger.