un travail complet qui concluait à des difficultés techniques plus grandes et partant à des dépenses plus fortes que celles escomptées tout d’abord. Les concessionnaires éventuels élevèrent en conséquence leurs prétentions pour transformer en prise ferme leur option première : ils ne demandèrent plus que 100 000 hectares de terre, avec droit de préférence pour construire un port à l’embouchure de la rivière Taroha et compléter le réseau ferré de l’Emyrne ; en revanche, ils exigèrent que les services publics leur garantissent des transports annuels pour une somme de 2 800 000 francs. Ce système était encore avantageux pour l’Etat : il mettait ce dernier en présence d’une charge fixe, et le maintenait en dehors tant des aléas de la construction que des combinaisons fallacieuses qui, sur d’autres réseaux, l’obligent à pourvoir aux insuffisances de l’exploitation. Une convention du 14 mars 1898 le consacra, mais la législature prit fin le 31 mai suivant, avant que cette convention eût été ratifiée[1].
Telle est, dans ses traits généraux, l’histoire des efforts faits pour doter rapidement Madagascar des artères principales d’un réseau de voies de communication. Deux années se sont écoulées depuis lors ; tout récemment, à l’automne de 1899, le gouvernement a changé d’attitude : il s’est prononcé pour la construction directe par l’Etat et a sollicité des Chambres l’autorisation, pour Madagascar, de contracter un emprunt de 60 millions, dont les quatre cinquièmes seront affectés à la ligne de Tananarive à Andevorante, mais le Parlement a apporté à accorder cette autorisation la même nonchalance que naguère à l’examen des projets de concessions. La loi vient seulement d’être votée par lui et il est à craindre que l’année 1900 ne voie pas encore s’ouvrir le moindre chantier. La construction sera longue, d’ailleurs, à accomplir lorsqu’elle aura été commencée. Pour plusieurs années encore, Madagascar n’aura donc à sa disposition que les quelques routes qu’elle peut entretenir sur ses ressources courantes, le canal des pangalanes et la route carrossable d’Andevorante à Tananarive, tous deux presque achevés aujourd’hui et exécutés, le premier par une compagnie privée, la seconde par le génie militaire avec la soulte de la conversion de 1897.
- ↑ Les demandeurs en concession se découragèrent par la suite et retirèrent leurs offres.