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Que le général Gallieni ait eu raison d’agir comme il l’avait fait, l’événement la surabondamment prouvé : cette mesure n’eut pas seulement pour résultat d’éviter un retour offensif de la rébellion à l’ouverture de la saison sèche de 1897, et de permettre la rentrée en France d’une partie des troupes que l’on entretenait encore à grands frais dans l’île ; elle découragea le vieux parti hova, amena de nombreuses soumissions ; l’effet fut si prompt et si complet que, dès le mois de mars, le général Gallieni put amnistier les détenus politiques pour faits de rébellion, lever l’état de siège, et quitter l’Emyrne pacifiée pour aller visiter la côte.

Mais, tout entier à sa tâche locale, le général Gallieni ne s’était pas avisé du retentissement qu’aurait en France et en Europe la déposition de la reine Ranavalo, et de la position bizarre où se trouverait le gouvernement. Pour expliquer cette initiative, on n’avait entre les mains que le télégramme excessivement sommaire du 27 février et les rapports antérieurs, lesquels concluaient à l’ajournement de la mesure. Questionné le 18 mars au Sénat par M. Trarieux, le ministre ne put que manifester sa confiance générale dans le commandant en chef et les raisons de cette confiance, sans se prononcer expressément sur le coup