d’excellente bière[1]. » Mais le pis est que ce stupide empressement des citadins oisifs et désœuvrés vous enlève parfois jusqu’à la consolation même : « Je viens de passer une heure dans le jardin public ; malheureusement je n’y étais pas incognito,… j’étais l’objet des regards étonnés de tout le monde. Cette existence constamment exposée à tous les yeux est très gênante lorsqu’on veut savourer une chope en paix[2].
Bismarck enrage de « se montrer » sans le vouloir dès qu’il sort, et de soupçonner surtout qu’il puisse « être montré, » — montré pour de l’argent ! L’avoir montré pour de l’argent, c’est ce dont il accuse, quand il veut s’en débarrasser, le portier du ministère des Affaires étrangères à Berlin ; c’est de ce prétexte qu’il couvre une révocation dont il juge bon de taire le vrai motif : il n’y a donc pas, contre lui, de délit plus impardonnable, — quoique, d’ailleurs, il y en ait beaucoup d’autres qu’il ne pardonne pas davantage. — « Le portier de l’hôtel, qui était là depuis de longues années, un vieil ivrogne, était considéré comme fonctionnaire, et comme tel, on ne pouvait pas le renvoyer sans autre forme de procès. Je le décidai à prendre sa retraite en le menaçant d’une instruction judiciaire sous l’inculpation de me montrer pour de l’argent, laissant tout le monde approcher de moi moyennant un pourboire. Il protesta, mais je le réduisis au silence par la simple observation que voici : « Lorsque j’étais ambassadeur, ne m’avez-vous pas toujours montré M. de Manteuffel pour un thaler, et, quand la porte était condamnée plus rigoureusement, pour deux thalers ?[3] »
Le chancelier ne peut supporter ce qui de près ou de loin touche ou ressemble à du cabotinage, chez les militaires la fanfaronnade, la phrase chez les parlementaires, chez qui que ce soit la morgue et la « pose. » Que chacun fasse ce qu’il a à faire, ni plus ni moins : pas de zèle, surtout pas d’affectation de zèle, pas de ronflement ni de bourdonnement ; pas d’effets de voix ni d’effets de torse ; pas de mise au point pour la galerie. « Le chef désapprouva le général Budritzki de s’être mêlé aux soldats qui montaient à l’assaut et d’avoir saisi le drapeau. — « La place du général n’est pas au milieu des troupes, mais derrière elles, pour