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DE VAN EYCK À VAN DYCK


Trois siècles environ d’un art inoubliable, trois siècles considérés avec raison comme les plus vivans et les plus originaux de la pensée flamande, s’écoulent entre le moment où les frères Van Eyck viennent féconder de leur génie recueilli la grande école de Bruges, jusqu’au jour où Van Dyck lègue aux peintres anglais les secrets de sa séduction et de sa noblesse. Je ne saurais avoir l’ambition de conduire le lecteur devant tous les chefs-d’œuvre créés en cet âge d’or par une série de maîtres impérissables, de retracer, dans cette étude, que je voudrais aussi concise que possible, la glorieuse histoire de l’art flamand et de ses grands chefs d’école. Je n’apporte ici que des réflexions qui m’ont été suggérées par une étroite communion avec les anciens peintres de ma race. Je tiens surtout à signaler les préjugés et les fausses méthodes répandues par certains historiens de l’art, à montrer pourquoi et comment il convient d’entreprendre une nouvelle étude logique de la peinture flamande. Ma tentative est peut-être moins modeste qu’elle ne voudrait en avoir l’air ; puisse l’amour profond que m’inspirent les anciens maîtres flamands excuser la hardiesse de mon entreprise !

Les érudits belges, avec un scrupule et une patience dignes de l’admiration la plus sincère, se sont livrés à de précieux travaux chronologiques ; ils ont tiré du néant certains maîtres oubliés ou inconnus, détruit les légendes dont s’enveloppent presque tou-