bres de cette société artistique partent au loin, emportant un bagage qui leur assure partout un prestige sérieux, décidés malgré cela à recevoir les leçons des maîtres étrangers. Entre vingt et trente ans généralement, on les voit voyager d’atelier en atelier, de pays en pays, de Cour en Cour. Ils semblent vouloir réaliser le mot de Dante : ma patrie est le monde. Un instinct supérieur les pousse à agir de la sorte et la contemplation réfléchie des œuvres étrangères, loin de les égarer, finit par leur indiquer la vraie voie de leur originalité. Que l’on vive quelque temps hors de sa patrie et l’on sentira immédiatement s’accuser en soi, par un phénomène bien naturel de réaction, les instincts séculaires de la race. C’est ainsi qu’en parcourant l’Italie, les Flamands presque toujours prenaient une conscience plus claire de leur âme flamande. Ils revenaient alors, voyaient leur pays avec des yeux instruits, des intelligences ravivées, et, pour rendre leurs sentimens, combinaient dans leurs ateliers les pratiques traditionnelles avec celles qu’ils rapportaient. La grande ruche artistique s’agitait à leur arrivée, qui provoquait une émulation générale, et l’art aussitôt trouvait des expressions nouvelles, qui enrichissaient l’esprit humain lui-même du progrès de l’âme nationale.
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H. Fiérens-Gevaert.