il s’applique, une loi d’airain : — Je le donne ceci, tu me dois cela. Mon blé vaut tant, mon bois vaut tant, ma terre représente tant. C’est mon droit et c’est mon devoir, c’est mon honneur de n’en pas tirer un pfennig de moins. — En termes de formule : La rente d’une terre noble brandebourgeoise ou poméranienne représente toujours le minimum nécessaire à l’existence décente d’un gentilhomme, surtout si ce gentilhomme est comte ou prince et chancelier de l’Empire. — « Autrefois, avant d’être chancelier de la Confédération, j’étais plus riche que je ne le suis maintenant. On m’a ruiné par la dotation. Depuis lors, je suis dans la gêne. Autrefois, je me regardais comme un simple gentilhomme campagnard ; maintenant que j’appartiens en quelque manière à la pairie, les exigences croissent, et mes biens n’y suffisent pas[1]. »
Pour en augmenter le revenu, il les exploite industriellement. « Il avait établi à Varzin une fabrique de pâte à papier en bois de pin et en bois ordinaire, dont il se promettait de grands avantages. » Il avait fourni le capital (de 40 à 50 000 thalers) et il en touchait l’intérêt. La combinaison n’était pas mauvaise : « Le fermier me paye, dit-il, pour la force hydraulique, qui jusque-là était sans emploi, 2 000 thalers par an ; il m’achète tous mes troncs de pins, dont je pourrais difficilement me défaire, et, dans trente ans, il devra me rendre tous les moulins en bon état. Pour le moment, il n’y en a qu’un, mais on va en construire un second dans un endroit où la chute d’eau a plus de force, et plus tard un troisième. » Maurice Busch, devant qui il parle de « pâte à carton pour reliures, papiers d’emballages, boîtes, etc., à destination de Berlin » et de « tablettes de bois de pin en pâtes à destination de l’Angleterre, » en reste stupéfait. « Il nous expliqua tout cela comme un homme du métier ! » s’écrie-t-il. Ce n’est pas seulement en politique que M. de Bismarck fut un éminent réaliste. Mais il sut n’estimer et n’aimer que son argent ; il n’aima point ni ne rechercha l’argent. Il n’admit que les accroissemens qui se justifiaient d’eux-mêmes à tous les yeux ; il voulut que la source de sa fortune fût très claire, très pure, en un coin de sa forêt, que tout le monde pût la connaître et que pas un seul ruisseau, pas un filet d’eau étrangère vînt s’y mêler : sa rivière seule devait faire tourner ses moulins ; comme un de ses chênes du Sachsenwald, il est inébranlablement enraciné à la terre, à sa terre.
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