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Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 160.djvu/624

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Celui-ci s’assied sur la couche nuptiale, et la femme lui prend le pied pour le mettre sur sa tête. En cela consiste l’acte de demande et de soumission. Le mari doit dormir sur un lit plus élevé que celui de la femme placé à côté du sien ; elle ne saurait avoir la tête à la même hauteur que lui. Le jour sacré du mois, le vansin, les femmes viennent faire baci au mari, c’est-à-dire s’agenouiller et demander pardon des fautes qu’elles ont pu commettre et des contrariétés qu’elles ont pu lui causer. Elles tiennent beaucoup à cette cérémonie, qui témoigne d’ailleurs de la docilité de leur caractère.

Le divorce, fréquent avec les mariages temporaires du Laos, se passe souvent de façon fort courtoise. Il est à la volonté de la femme comme de l’homme. La femme qui veut se séparer de son mari lui présente les chiques de bétel ; elle lui déclare qu’elle le considérera désormais comme un parent, et lui fait tous les souhaits de bonne santé. Cela suffit, et le mariage est dissous. Messieurs les avoués et « conclusionnaires » ne feraient pas fortune dans ce pays-là.

La liaison avec un Européen est recherchée : elle constitue, pour la Laotienne, un vrai mariage. La conghaïe d’un fonctionnaire est reçue chez les mandarins ; elle a son titre de noblesse, et elle fréquente les filles et femmes de ses princes. Les Laotiennes qui ont été femmes de fonctionnaire n’ont pas hâte de se remarier. Elles sont veuves d’un satou, d’un homme de qualité, et restent considérées. Comme elles étaient bien traitées et ne travaillaient pas, elles craignent une vie plus dure. La coutume annamite est que la femme ne se remarie jamais avant trois ans. Au Laos l’usage est d’attendre deux ans. La femme annamite amenée au Laos, est apte à exercer les fonctions de femme de charge, à conduire un nombreux personnel, à tout diriger dans le ménage comme à faire de la couture. La femme laotienne, moins travailleuse, mais plus jolie, est uniquement un objet de luxe ; elle est douce, aimable et facile à vivre. L’Annamite, au contraire, querelleuse par nature, est la femme à scènes et à disputes continuelles. La femme annamite est très mercantile et prétend se mêler des affaires extérieures, tandis que la Laotienne est sans nulle prétention, et personne n’aurait l’idée de lui apporter de l’argent pour se rendre son mari favorable.

Les maisons sont généralement élevées sur pilotis ; et lorsque l’échelle d’accès est relevée, c’est le signe que « Madame est sortie. »