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belges. La mission anglaise, organisée par la Société de géographie de Londres, aura son point de pénétration aux environs de la Terre Victoria, au sud de la mer de Polynésie. De l’autre côté du pôle, la mission écossaise, dirigée par William Bruce, lui fera vis-à-vis, sur la Terre de Graham.

La région antarctique sera donc abordée de quatre côtés à la fois, par les sommets d’un quadrilatère à peu près régulier. Cette attaque, en quelque sorte combinée, constitue une tentative entièrement nouvelle. Il faut en féliciter les organisateurs de ces expéditions, encore bien que cette rencontre soit plutôt l’effet d’un hasard que d’un dessein concerté entre eux. Les résultats n’en seront pas moins profitables à la science.

Si ces entreprises n’avaient pour but unique que la géographie proprement dite, c’est-à-dire la connaissance de la configuration des terres et des mers, cette simultanéité d’efforts serait sans grand intérêt. Mais elles ont un programme plus vaste. Elles se proposent, en outre, l’étude de la structure géologique, celle de la faune et de la flore. C’est surtout pour les déterminations magnétiques, météorologiques et océanographiques que le synchronisme des observations constituera un précieux avantage. Ce travail en commun, avec des instrumens comparables et d’après les mêmes méthodes, permettra, entre autres résultats, de fixer les lois de la circulation atmosphérique et le régime de la pression, des vents et des tempêtes.


I

Les géographes admettent généralement l’existence d’un continent antarctique, ayant son centre au pôle austral. L’hémisphère austral se distinguerait, à cet égard, de l’hémisphère boréal. Si le pôle Nord, en effet, se trouve placé au milieu des eaux, dans une mer plus ou moins glacée, le pôle Sud est, au contraire, sur la terre ferme, glacée également. À la vérité, ce sont des raisons théoriques qui ont amené à cette conception ; mais ces raisons sont très fortes ; et, jusqu’ici, aucun fait ne les contredit.

Le premier résultat des explorations antarctiques a été de confirmer cette constitution terrestre de la région polaire australe, par opposition à la constitution marine de la calotte polaire boréale. Le problème que les missions à venir auront à résoudre