jour même du crime, mais assez longtemps après, dans la nouvelle période où nous venons d’entrer, et où le gouvernement chinois s’efforce évidemment d’amener une détente avec les puissances en leur donnant quelques premières satisfactions, ou plutôt quelques promesses. C’est à l’empereur allemand que s’est adressé directement l’empereur de Chine, comme il s’était adressé déjà aux présidens des républiques française et américaine et à l’empereur du Japon : c’est le comte de Bulow qui a répondu, et sa réponse est qu’il ne croit pas possible de transmettre le télégramme chinois à l’empereur Guillaume « tant que le sort des légations étrangères à Pékin et des autres étrangers renfermés dans cette ville ne sera pas connu d’une façon claire, tant que le gouvernement chinois n’aura pas donné toute satisfaction pour le meurtre criminel de l’envoyé d’Allemagne et n’aura pas fourni des garanties suffisantes pour une conduite future conforme aux principes du droit des gens et de la civilisation. » On ne saurait mieux dire. L’Allemagne, tout en exprimant comme il convient son grief particulier dont elle demande une légitime réparation, n’y enferme pas et n’y subordonne pas toute sa politique. Le programme qu’elle expose est celui qui est commun à toutes les puissances, ni plus, ni moins. Elle demande à être clairement édifiée sur le sort des ministres, et à obtenir pour la suite des garanties indispensables contre le retour des scènes de barbarie qui viennent de se produire en Chine et qui probablement continuent.
Il ne reste plus au Fils du Ciel que de s’adresser à l’Angleterre et à la Russie. Le fera-t-il ? Il ne faut pas en désespérer ; dans la voie où il s’est engagé, on va jusqu’au bout. S’il le fait, nous devrons nous contenter d’avoir eu la primeur de ses ouvertures : d’ailleurs cela suffit à notre amour-propre. La tentative chinoise a sans nul doute pour objet d’amener des divisions entre les puissances : nous espérons qu’elle ne produira pas ce résultat. Toutes les puissances sont actuellement solidaires : si elles pouvaient plus tard cesser de l’être, ce serait seulement lorsque leurs représentans auraient été rendus à leurs intérêts. Et il s’agit ici, non pas d’un ministre, mais de tous. On nous rendrait M. Pichon que nous ne verrions là qu’un commencement de satisfaction, et que nous continuerions de réclamer. L’épreuve commune pour les autres a créé des liens qui ne sauraient se rompre. Mais, pour en revenir aux démarches qu’a multipliées l’empereur de Chine, pourquoi paraît-il avoir négligé l’Angleterre et la Russie ?
En ce qui concerne la première, cette abstention ne se comprend pas très bien. Il n’en est pas tout à fait de même à l’égard de la seconde,