à savoir une clause exécutoire. Les plénipotentiaires de la Conférence, bien instruits à cet égard des hésitations de leurs Cours, avaient laissé subsister dans leur travail la grave lacune du texte élaboré par le Congrès. Or, aux yeux de la Porte, — en ceci très logique, — du moment que l’Acte final était dépourvu de toute formule impérieuse, que nulle disposition matérielle n’en assurait la réalisation, il ne valait pas mieux que le protocole et l’article du traité de Berlin. Elle refusa donc hardiment les cessions territoriales édictées par la Conférence et prétendit évoquer de nouveau l’affaire à Constantinople. C’était son droit strict, puisqu’elle n’était pas et ne pouvait pas être contrainte à se soumettre. D’autre part, la Grèce manifestait l’intention de suppléer à l’absence de la clause exécutoire en accomplissant l’annexion par les armes, et prenait d’inquiétantes mesures. De sorte que la perspective d’un conflit militaire se dressait devant les médiateurs, et qu’au moment même où ils s’imaginaient avoir tout pacifié, ils se trouvaient en face d’animosités réciproques plus belliqueuses que jamais.
Dans ces conjonctures, leur premier mouvement fut tout à fait sage et correct. Ils confirmèrent hautement l’œuvre de leurs plénipotentiaires. Une note collective du 25 août 1880, rédigée par le Cabinet anglais, répondit aux objections de la Porte : il y était dit que, la Conférence ayant agi « après mûre délibération et à la suite d’un examen attentif, » les Puissances n’admettaient pas « que la discussion fût rouverte » et « s’en tenaient » à la ligne fixée. Les ambassadeurs à Constantinople étaient invités, en conséquence, à n’accepter aucun débat sur le fond, et à entendre seulement les communications ottomanes « sur l’évacuation des territoires et leur remise au gouvernement grec. » La Turquie se trouvait ainsi mise en demeure : c’était la droite voie, mais il fallait n’en pas sortir. Or ce fut précisément au lendemain de cette manifestation que se produisit dans les conseils de l’Europe le revirement le plus imprévu. Les Puissances, abandonnant brusquement l’attitude indiquée dans leur note, imitèrent, si je puis dire, les eaux de l’Euripe, qui remontent tout à coup le détroit qu’elles viennent de descendre, et s’appliquèrent non seulement à ne pas suivre la ligne de conduite qu’elles venaient de déterminer, mais encore, — ce qu’on n’eût jamais supposé, — à dénaturer le sens des textes élaborés par la Conférence.
On a attribué, surtout en Grèce, ce changement de direction