au nouveau ministre des Affaires étrangères de France, M. Barthélémy Saint-Hilaire, appelé, en septembre 1880, à remplacer, M. de Freycinet. Cette opinion n’est pas exacte. Il est vrai que, plus tard, M. Barthélémy Saint-Hilaire a pris, comme je le dirai tout à l’heure, une très grande part à cette campagne singulière et l’a poursuivie avec ardeur ; mais, au moment où il arriva au pouvoir, il n’avait certainement pas une influence assez grande en Europe pour la provoquer. Bien plus, en sa qualité d’helléniste, il était sympathique à la Grèce, et il en était de même de M. Jules Ferry, président du Conseil, qui avait autrefois représenté la France auprès du roi Georges. J’ajouterai, en invoquant ici un fait personnel, que l’un des premiers actes du nouveau Cabinet fut ma nomination au poste de ministre à Athènes, et qu’en élevant à ces hautes fonctions le rédacteur des protocoles du Congrès et de la Conférence, le gouvernement prétendait, au contraire, montrer son bon vouloir à la Grèce et son adhésion aux documens de Berlin. Mes instructions, datées du 13 novembre, étaient conçues dans cet esprit. Sans doute, M. Barthélémy Saint-Hilaire me recommandait de prévenir « toute politique agressive, » d’inviter les Hellènes à la patience, et de leur faire comprendre que toute violence de leur part nous conduirait à « leur refuser notre concours ; » mais en même temps il affirmait « que nos sentimens n’avaient pas varié ; » il se ralliait à la constante politique de M. Waddington et de M. de Freycinet ; il estimait comme eux que les provinces épiro-thessaliennes « étaient une cause de faiblesse pour la Turquie, » et reconnaissait que les Puissances « avaient donné à la Grèce un titre dont la valeur ne pouvait être contestée. » Je n’avais donc à débattre aucune question de principe. Aussi bien, le discours écrit que j’adressai au Roi en lui remettant mes lettres de créance, et qui fut depuis entièrement approuvé à Paris, demeurait strictement fidèle à la pensée manifeste des précédens négociateurs. Tout en insistant, comme je le devais, sur « l’efficacité des voies pacifiques, » sur « la nécessité d’une politique prudente, » j’exprimais la conviction « que les légitimes aspirations de la Grèce se réaliseraient dans un avenir peu éloigné, et conformément aux décisions qui avaient servi de base à la médiation européenne. »
M. Barthélémy Saint-Hilaire n’avait donc pas alors l’intention de discuter le protocole et l’Acte final, et je crois pouvoir dire qu’il fût demeuré sur le terrain où ses prédécesseurs s’étaient