manqué d’étudier et de reconnaître les avantages d’un navire à vapeur comme bateau-hôpital pour rendre plus rapide et plus efficace l’assistance ; mais, ce dernier genre de navire coûtant très cher comme construction et comme entretien, au moins le double d’un navire à voiles, et la prévision des ressources futures étant forcément aléatoire, la Société, pressée d’entrer en action, dut se résigner à se contenter, pour le moment, de navires à voiles.
Le type de navire définitivement adopté par la Société, sur les données de M. Normand, l’ingénieur-constructeur bien connu du Havre, vice-président d’ailleurs de la Société, peut se résumer ainsi : trois-mâts-goélette de 37 mètres de long (33m,50 de l’étrave à l’étambot), 7m,80 de large, 3m,60 de creux et 3 mètres de tirant d’eau ; navire élégant, solide, bon marcheur et très manœuvrant. Un navire de commerce de cette taille serait de 300 tonneaux, mais, grâce à ses formes très fines, le bateau-hôpital a un tonnage réduit d’un quart.
En somme, les navires-hôpitaux des œuvres de mer, tout en ayant l’élégance d’un yacht, possèdent avant tout une solidité qui leur permet de braver les assauts des mers tourmentées qu’ils fréquentent. Leur aménagement intérieur est parfait au point de vue de leur mission : tout le centre du bateau, — sur une superficie de 110 mètres carrés, — est consacré au service des marins pêcheurs et des malades ; on pourrait à la rigueur y hospitaliser jusqu’à trente malades dans des lits à roulis simples et fort ingénieux, conçus par le secrétaire général de l’œuvre, M. Bailly, et l’un des médecins de la Marine mis à la disposition de la Société, M. le docteur du Bois Saint-Sévrin. Mais, en pratique, le nombre des malades n’atteint jamais ce chiffre, parce que le but du bateau-hôpital n’est pas de garder tous les malades à bord jusqu’à complète guérison. Agir ainsi ne serait pas sage, car le navire serait bientôt plein. La mission des navires-hôpitaux est tout autrement comprise : ces navires croisent sur les lieux de pêche, recueillent les malades atteints d’affections graves ; mais, dès qu’ils ont passé en revue la flottille de pêche, et reçu à bord de cinq à dix malades en moyenne, ils vont les déposer dans les hôpitaux à terre, c’est-à-dire à l’hôpital de Saint-Pierre pour Terre-Neuve et de Reikiavick pour l’Islande ; après quoi, ils recommencent immédiatement une nouvelle croisière sur les lieux de pêche.
Pour donner une idée du travail incessant des bateaux-hôpitaux