voici le résumé de la campagne du navire le Saint-Pierre à Terre-Neuve, en 1898 : parti de Saint-Malo, son port d’armement, le 6 avril, il n’est rentré en France que le 20 octobre, après une campagne de 198 jours, dont 143 à la mer et 55 de relâches multiples, mais nécessaires, à Saint-Pierre pour y déposer les malades. Il a fait cinq croisières sur le banc, c’est-à-dire qu’à cinq reprises, il a pu passer en revue la flottille de pêche, ce qui lui a permis de communiquer sur leur signal 322 fois avec des navires de pêche ; enfin il a hospitalisé 35 malades graves.
En 1899, ce même navire-hôpital a fait également cinq croisières sur le banc et a hospitalisé 34 malades graves.
Le personnel d’un navire-hôpital est à l’effectif de 21, y compris le capitaine, le médecin et l’aumônier. Le médecin donne des consultations, fait des pansemens, recueille à bord et soigne les malades graves. En considération du métier particulièrement pénible que fait ce médecin, par suite des transbordemens continuels de bateau à bateau, souvent par grosse mer, il était bon d’avoir un docteur qui ne fût pas novice comme marin ; d’autre part, jusqu’à présent, pas un seul médecin civil n’a fait d’offres de service à la Société. Pour résoudre la difficulté, la Société a fait appel à des médecins de la Marine, que le ministre s’est toujours empressé de mettre gracieusement à sa disposition.
D’ailleurs, chaque fois qu’un navire-hôpital a pris armement, plusieurs jeunes officiers du corps de santé de la Marine n’ont jamais manqué de s’offrir très simplement, et la Société n’a eu que l’embarras du choix. Il résulte de ceci qu’à bord le médecin est seul à ne pas être à la solde de la Société.
La présence d’un aumônier à bord n’est pas moins nécessaire et justifiée que celle du médecin. Elle est nécessaire du fait que les pêcheurs constituent un groupe profondément religieux. Elle est justifiée par cette considération que les pêcheurs font vraiment campagne, au point même, comme nous l’avons vu, de courir des risques équivalens à ceux de deux batailles rangées, et que, quand nos matelots, comme nos soldats d’ailleurs, font campagne, l’État a bien soin, conformément aux règlemens en vigueur, de leur fournir des aumôniers. À ce propos, nous profitons de l’occasion pour rappeler que, contrairement à ce que croient nombre de gens y compris des parlementaires imparfaitement documentés en pareille matière, la règle est la même pour nos soldats et pour nos matelots. Dans leurs dépôts des