Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 161.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de plus ! — par les torpilleurs de la défense mobile de Brest.

Voyons le passage du raz de Sein : c’est entre 6 et 7 heures du matin que l’armée, venant du Sud, a pris sa formation en ligne de file par escadres. Il y a cinq escadres : les trois escadres de cuirassés (Méditerranée, Nord, gardes-côtes et Bouvet), celle des croiseurs cuirassés, celle des croiseurs protégés. A cinq unités par escadre, cela fait vingt-cinq bâtimens ; les huit autres sont répartis en éclaireurs ou flanqueurs. Les bâtimens étant à la distance normale de 400 mètres, chaque escadre tient 2 kilomètres et demi. L’intervalle entre les escadres étant de 800 mètres, la longueur totale de la ligne de file est de tout près de 16 kilomètres, entre 8 et 9 milles marins.

Très joli temps, frais, vif ; soleil net, fouillant tous les détails de la côte et jetant des paillettes luisantes sur une mer bleu sombre. La pointe du Raz est une falaise toute droite, terminée par d’énormes roches éboulées ; en face d’elle, la « chaussée de Sein, » la terrible chaussée, montre tous ses cailloux, et ce sont comme les têtes d’un grand troupeau de phoques s’ébattant au soleil.

Voilà un raz de Sein d’une humeur charmante. Qui donc en disait du mal ? En tout cas, il s’est mis en frais pour l’armée navale.

Nous l’abordons cependant : nous passons d’abord à l’Est de « la Basse Trouargreiz ; » puis, laissant « la Plate » et « la Vieille » à droite, la chaussée à gauche, le Bouvet, éclairé par le Galilée, tourne brusquement sur tribord et contourne par l’Est « le Tevennec, » qui divise en deux chenaux la partie Nord du raz. Nous suivons à la queue leu leu, et c’est curieux de voir cette immense chaîne se ployer en progressant peu à peu, sans qu’aucune de ses mailles s’embrouille, sans que les distances soient une seule fois perdues.

Quelques évolutions pour finir la matinée, après que le dernier anneau a eu doublé le Tevennec. Il s’agit aujourd’hui de faire prendre à une armée composée de trois escadres cuirassées une formation de combat qui donne, dès le début, beaucoup de feux, — ordre de front, par conséquent, d’une certaine étendue, — tout en laissant au commandant en chef la faculté de soutenir à temps une aile menacée.

Solution : l’escadre de la Méditerranée se forme la première, en ligne de front ; l’escadre du Nord se range derrière elle dans le même ordre, à i 200 mètres ; l’escadre du commandant en chef reste