primitifs, franchit le Danube, subjugua les tribus slaves de la Mésie et livra bataille à l’empereur grec Justinien II. En 811, l’empereur Nicéphore, dans une vallée des Balkans, fut vaincu et tué par le roi bulgare Krum, qui du crâne impérial fit une coupe à boire la zdravitsa (santé). En 813, c’est l’empereur Michel Rangabé qui est battu à Anchiale. Krum dévaste la Thrace, immole des bœufs et des hommes, suivant « son rite profane ou plutôt démoniaque, » devant la Porte d’Or d’Andrinople ; puis il enlève d’assaut cette ville et, après un grand massacre, transplante la population hellénique dans les pays danubiens. En 814, c’est l’empereur Léon l’Arménien qui est battu auprès de Mésembria (Misivri) : Krum emmène 30 000 captifs chrétiens et ose mettre le siège devant Constantinople, sous les murs de laquelle il meurt mystérieusement, comme autrefois Attila, frappé d’un coup de sang ou d’un coup de couteau. Des rapports un peu meilleurs s’établirent entre les successeurs de Krum et les Basileis byzantins.
C’est alors que quelques effluves de civilisation hellénique pénétrèrent dans la sauvage Bulgarie et que les missionnaires, disciples des « apôtres slaves » Cyrille et Méthode, commencèrent à y répandre la foi chrétienne. Ils y rencontrèrent un étrange néophyte, le roi Boris ou Bogoris, qui, épouvanté, à ce que raconte la légende, par la vue d’un tableau représentant les terribles scènes du Jugement dernier, consentit à se laisser baptiser (860). Du même coup il devint l’allié de l’empereur Michel III et le reconnut pour son « père spirituel, » mais après s’être fait céder par lui la Zagorie de Thrace, c’est-à-dire le golfe de Bourgas, jusqu’alors âprement disputé entre les deux belligérans. Boris, célèbre auparavant par ses cruautés, serait devenu tout à coup, par la vertu du baptême, un prince très doux, très clément et très pieux. Il est le premier Bulgare dont l’Eglise nationale ait fait un saint. Une miniature du XIIIe siècle le représente la tête ceinte d’une auréole sur une mosaïque à fond d’or. Sa réputation de piété se répandit jusqu’en Occident ; car voici comment parlent de lui les Annales d’Einsideln : « Le jour, aux yeux du peuple, il s’avançait revêtu des ornemens royaux ; mais, la nuit, il se rendait secrètement dans une église, se prosternait sur le pavé et, revêtu d’un cilice, se livrait à la prière. » Il abdiqua la couronne en faveur de son fils aîné et entra dans un couvent. Il en sortit pour détrôner ce fils incapable, puis il y