rentra, quand il eut fait proclamer roi son second fils, qui fut le grand Siméon.
Les Slaves du Nord-Est, — Serbes, Croates, Rasciens, Herzégoviniens, Dalmates, — s’établirent plus pacifiquement dans la péninsule ; ils y auraient été appelés, au VIIe siècle, par l’empereur Héraclius, qui comptait faire d’eux le rempart vivant de l’hellénisme contre les Avars. Ils ne furent jamais pour Byzance des voisins aussi incommodes que les Bulgares. Tandis que ceux-ci formèrent, dès le IXe siècle, une grande monarchie militaire, les Slaves du Nord-Ouest se divisèrent en sept ou huit principautés, qui reconnurent volontiers la suzeraineté du Basileus ; leurs chefs s’intitulaient krals (rois) ou joupans (comtes) et prenaient place dans la sacro-sainte hiérarchie byzantine sous le nom grec à’ archontes. En revanche, tandis que la Bulgarie finit par professer tout entière la même foi chrétienne que les Grecs, la foi dite « orthodoxe, » les Slaves du Nord-Ouest, tiraillés entre l’influence ecclésiastique de Rome et celle de Byzance, se trouvèrent divisés par la religion. Aujourd’hui encore la plupart des Serbes sont de rite « orthodoxe », tandis que les autres Slaves du Nord-Ouest (du moins ceux qui n’ont point passé à l’Islamisme) sont catholiques. La langue qui leur est commune à tous, sauf quelques différences dialectales, dissimule sa réelle unité sous la variété des alphabets, celui des Serbes se rapprochant des alphabets russe et bulgare, tandis que leurs voisins de l’Ouest ont adapté à leur idiome l’alphabet latin. L’histoire a mis entre les Bulgares et les Slaves du Nord-Ouest encore d’autres différences : les premiers ont tous subi la domination ottomane, sous laquelle s’est maintenue leur unité ethnique ; les seconds ont été disputés pendant des siècles entre les dominations turque, germanique et hongroise : c’est pourquoi ils n’ont pu constituer leur unité nationale et en paraissent encore très loin.
Durant les siècles du moyen âge, à cause de leurs divisions politiques ou religieuses, les Slaves du groupe serbo-croate ont rarement trouvé l’occasion de jouer un grand rôle. Suivant que triomphait la Grèce ou la Bulgarie, ils restaient vassaux du Basileus ou passaient sous la suzeraineté du « tsar » danubien. A plusieurs reprises s’élevèrent chez eux des rois puissans qui remportèrent des victoires ; mais jamais, tant que la Bulgarie et la Hellade se disputèrent l’hégémonie, la race serbo-croate ne fut pour elles un compétiteur. Une seule fois elle parut sur le point