Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 161.djvu/564

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

délégués correspondant à celui des sénateurs et des députés qu’il envoie au Congrès. Le chiffre des sénateurs américains étant actuellement de 90, celui des députés ou des « représentans » pour leur laisser le titre sous lequel ils sont officiellement connus, de 357[1], le total des électeurs présidentiels est donc de 447. Ajoutons qu’aucun d’eux ne peut être choisi parmi les membres du Parlement ni parmi les fonctionnaires salariés du Gouvernement Fédéral : les seules conditions pour être éligible à la Présidence sont d’être né citoyen des États-Unis et d’être âgé de trente-cinq ans.

Tel est dans ses lignes essentielles ce mode d’élection à deux degrés, qui, dans la pensée des fondateurs de la République Fédérale, devait assurer aux délégués des États toute liberté d’action pour le choix du futur Président. Il en fut ainsi pendant près d’un demi-siècle, les candidats à la Présidence étant dans le principe simplement désignés par la majorité parlementaire de leurs partis et recommandés par elle, sans autre intermédiaire, aux suffrages des électeurs spéciaux prévus par la constitution. Ce système de nomination s’est peu à peu modifié sous l’influence des comités dits « nationaux[2], » qui, en prenant en main le patronage des candidatures, ont finalement décidé de leur sort et sont restés maîtres de la situation.

Ces comités-directeurs, où chacun des quarante-cinq États est représenté par un délégué permanent et dont les pouvoirs, renouvelables tous les quatre ans, s’exercent d’une façon constante, ont d’ordinaire leur siège principal à New-York ou à Washington. Reliés par une chaîne ininterrompue de comités secondaires à tous les centres électoraux de quelque importance, ils disposent d’attributions d’autant plus larges qu’elles sont moins définies et restent libres par conséquent d’orienter la future campagne présidentielle dans le sens qui semble le plus conforme aux intérêts de leur parti ou à ceux de leurs chefs.

Pendant les trois premières années qui suivent l’installation

  1. Le nombre des sénateurs que chaque État envoie au Congrès est invariablement de deux. Celui des députés est fixé tous les dix ans, d’après le dernier recensement, proportionnellement au chiffre de la population, mais cette règle de proportion est variable.
  2. Le nom sous lequel ils sont désignés étant pour les étrangers une source fréquente de confusion, il ne sera peut-être pas inutile de rappeler que chaque parti a son Comité « national, » et que cet adjectif n’implique par suite aucune idée d’universalité.