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imparfait, mais qui valait bien l’armet du XVIe siècle avec sa haute pièce. Tous ces systèmes sont représentés ici. Représentés aussi ces grands faucres ou arrêts fermes prolongés, en arrière, en un long copeau qui soutenait le contrepoids de la lance et la plaçait bien en équilibre sous le bras. Les fûts, dans les lances de joute, et on peut en voir un très bel échantillon, étaient beaucoup plus gros, mais aussi plus courts que ceux des lances de guerre. De ces dernières, le fût ou le bois, comme on disait, toujours fait de frêne, mesurait de dix-huit à vingt pieds et était souvent élégi par des cannelures longitudinales. On peut voir encore à ce pavillon de Hongrie tout un choix de targes, de pavois, et même des boucliers votifs, précieux entre tous. Un de ces derniers, avec le cimier de heaume qui l’accompagne, peut compter comme la pièce capitale de l’exposition des armes, car on ne connaît guère ces objets que par les sculptures, les descriptions et les inventaires, ou par quelques pièces rarissimes. Tel est le cimier de carton et parchemin que conserve l’Armeria de Madrid et qui a appartenu au roi Martin d’Aragon, dans les premières années du XVe siècle. Celui de l’église de Soprony est à peu près de la même époque. Comme le bouclier ovale qu’il surmonte, il est fait de cuir peint et représente une tête de bouquetin, noire avec les cornes rouges, et une amorce de poitrine jaune qui constitue, suivant la vieille expression héraldique, la capeline en bonnet coiffant le heaume. L’animal se trouve répété, en figure complète, sur le champ de l’écu, pareillement noir et jaune, il est passant, d’or, tête de sable et accorné de gueules, en langue de blason. On avait l’habitude, pendant le moyen âge, de déposer ces pièces représentatives dans les églises où étaient enterrés les nobles et, généralement, on suspendait casque et écu au-dessus du tombeau, où l’écusson se retrouvait, taillé dans la pierre ou le marbre, avec le heaume monumental, ses lambrequins et son cimier. En Angleterre, notamment, et aussi en France, on battait des heaumes en fer mince destinés à reposer sur le tombeau. Peut-être le vaste chapel de fer rivé à boulons aplatis, de Nagy-Szeben, et qui date du XVe siècle, est-il de cette nature. En Allemagne, les écus et les cimiers sont souvent portés par des tenans, statues assises d’anges, d’hommes armés ou de courtisanes, suivant le goût de chacun. La publication classique de Hefner Alteneck a vulgarisé certains de ces monumens d’où la largeur de composition la plus haute n’exclut jamais le précieux