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décider qu’on maintiendrait, pour le 23 juillet, les « travaux de récréation » depuis longtemps annoncés : un banquet, un bal, — comme disent les profanes, — devaient avoir lieu ce jour-là. Une bannière en deuil planerait sur ces travaux, pour « faire voir aux sœurs que ce qui se passe au dehors ne laisse pas les Trinosophes indifférens. » Il y eut quelque gêne le 23 juillet ; et lorsque, le 26 août, la loge entendit lecture de la « planche » singulièrement conciliatrice des Enfans de Gergovie, cette gêne s’accentua. On commença par être surpris ; mais l’ « orateur. » de la loge soutint les bonnes intentions des « Frères » d’Allemagne ; un Trinosophe, qui se trouvait être Prussien, appuya l’ « orateur, » et la démission du vénérable mit un terme à la tenue, qui, de toute évidence, avait été troublée. Foussier désormais avait le champ libre parmi les Trinosophes ; et ceux-ci, le 7 septembre, crurent illustrer l’histoire de la Maçonnerie et, subsidiairement, l’histoire des deux patries française et prussienne, en décidant de « rappeler au roi de Prusse, protecteur de la franc-maçonnerie universelle, ses devoirs de franc-maçon. »

Derechef, Foussier prit la plume : il proposa aux vénérables de toutes les loges parisiennes qu’une députation maçonnique fût expédiée au roi Guillaume pour « faire appel à son cœur de franc-maçon. » Quelques vénérables entendirent cet appel ; ils tinrent, à plusieurs reprises, de graves colloques. Les procès-verbaux de leurs discussions nous sont demeurés inaccessibles ; elles ne manquèrent, probablement, ni de vivacité ni de subtilité. Car le résultat fut hybride. D’une part, dix loges parisiennes adressèrent à tous les maçons du globe, par ballon, un long cri de douleur : « Le roi Guillaume et son fils sont nos frères. Ces ambitieux ont trahi leurs sermens, ils sont indignes et parjures ; ils ont forfait à l’honneur… Nous les excluons à tout jamais et répudions toute solidarité avec ces monstres à figure d’homme qui ont trompé jusqu’à nos frères d’Allemagne. Ils ont détourné les francs-maçons allemands du but final de la maçonnerie : la fraternité universelle. » D’autre part, les Trinosophes, persévérans en leur optimisme, ajoutèrent en post-scriptum un appel personnel aux Frères allemands, qu’ils conjuraient de songer au minotaure prussien et à la liberté, à l’avenir et au progrès, aux chemins de fer et à l’électricité, aux « barrières de convention qui séparent les États » et aux « murailles d’ossemens humains qu’élèvent les massacres ; » et les bons Trinosophes concluaient : « Le jour