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pris comme base d’opération la côte orientale d’Afrique, quand tout à coup, en novembre 1877, on apprit que Stanley, parti de Zanzibar, venait de traverser le continent de l’Est à l’Ouest. Il avait relevé le cours du Congo navigable s’étendant sur un immense espace depuis les régions voisines du Tanganika jusqu’au rebord des montagnes qui, parallèlement à la rive de l’Atlantique, précipitent en cataractes cette masse d’eau vers la mer. Pressentant toute l’importance de cette découverte, le roi des Belges envoya au-devant de Stanley, qui débarquait en Europe, un mandataire chargé de brillantes propositions, s’il voulait accepter ses plans. Il s’agissait de recommencer à rebours son exploration de l’Afrique, c’est-à-dire de remonter le cours du Congo, de prendre possession de ses rives en y installant des stations, d’étudier les moyens de vaincre l’obstacle des rapides et de porter sur la partie supérieure du fleuve des bateaux à vapeur qui en permettraient l’utilisation. L’offre royale fut acceptée et, en septembre 1879, Stanley commençait l’escalade de ce qu’on appelle la région des Chutes. Deux ans plus tard, les premiers steamers portés pièce à pièce sur la tête des noirs flottaient dans les eaux du Pool. Sur la rive droite, venu du Gabon par le bassin de l’Ogooué, Brazza l’avait devancé. Dans un bel effort, facilité par l’absence de tout bagage encombrant, il avait gagné le fleuve convoité et planté le drapeau français sur l’emplacement actuel de Brazzaville.

Il a été raconté ici même[1] comment, à la suite de ces grands faits, le Comité belge de l’Association internationale africaine prit le nom d’Association internationale du Congo ; comment le droit de souveraineté lui fut successivement reconnu par toutes les puissances ; et comment l’existence d’un État indépendant, se substituant à l’Association africaine, fut sanctionnée en 1885 par la Conférence de Berlin. La même année, le roi Léopold II recevait du Parlement belge l’autorisation constitutionnelle de réunir sur sa tête, dans une union exclusivement personnelle, la souveraineté de l’État indépendant du Congo et celle de la Belgique.

Depuis lors, le nouvel État, au milieu des travaux d’exploration les plus étendus, des difficultés diplomatiques les plus délicates, des efforts les plus héroïques, s’est installé dans le bassin du

  1. Voyez la Revue du 1er juillet 1898 : Le Congo français et l’État indépendant, par le comte H. de Castries.