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devenir à l’école de l’Europe et comment il congédie ses maîtres d’un jour, lorsqu’il se sent capable de se gouverner seul. Les événemens dont la Chine est le théâtre nous font, pour la seconde fois, toucher du doigt les facteurs nouveaux avec lesquels nous aurons désormais à compter. Il est vrai que ces peuples, civilisés et instruits, auront des besoins qu’ils ignoraient auparavant et nous demanderont, par voie d’échange, un plus grand nombre de produits. Il ne faudra donc pas nous croire ruinés quand nous ne pourrons plus coloniser au sens étroit et ancien du mot. Nous trafiquerons d’autant plus que le nombre des consommateurs se sera accru davantage.

Quoi qu’il en soit, et sans chercher en ce moment à établir la part qui, dans l’essor industriel actuel, est due aux besoins des nations productrices elles-mêmes et celle qui provient des commandes exotiques, nous constatons le développement énorme pris, au cours des dernières années, par les industries métallurgiques et par celle de la houille, aliment indispensable des autres. Le charbon a bien trouvé, en certains pays, comme la Russie, un concurrent dans le pétrole : des usines se sont installées tout le long du Volga, de façon à utiliser cette huile minérale, qui sert aussi de combustible à une flotte de steamers sur la Mer-Noire : mais le chiffre de chevaux-vapeur produits par le pétrole dans le monde est infinitésimal par rapport à celui que fournit la houille. C’est encore de celle-ci, de son abondance, de ses prix, que les fabriques de fer et d’acier dépendent le plus étroitement. C’est le tonnage de la fonte, matière première de l’acier, qui est la mesure la plus significative de l’activité industrielle des peuples. Nous allons donner à nos lecteurs une idée générale de ces deux productions, tout en indiquant à grands traits l’évolution récente qu’elles ont accomplie dans les principaux pays. Nous examinerons ensuite quelques-uns des autres métaux industriels ; cuivre, zinc, plomb, étain ; nous y joindrons la statistique des métaux précieux proprement dits, or et argent, dont l’influence sur l’activité humaine, tout en étant bien moindre qu’autrefois, est encore considérable. Peut-être aurons-nous réussi de la sorte à esquisser un tableau du prodigieux mouvement qui anime tous les continens et qui se traduit par tant d’œuvres mémorables, dont les chemins de fer, les navires à vapeur et la télégraphie électrique ont été les premières, et dont les transports électriques sont, à l’heure actuelle, l’expression la plus saisissante.