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413 en l’an IX. En résumé, le budget de l’an XII peut se classer ainsi, en dépenses :


Francs
Dette publique 117 000 000
Frais de régie, etc. 145 000 000
Dépenses militaires 550 000 000
Autres dépenses 138 000 000

Mais il ne suffit pas d’énoncer ces chiffres pour avoir une idée juste de leur portée ; la France de 1801, de 1802, de 4804, n’est pas la France de 1900. Chacun le sait, mais chacun l’oublie.

Autre chose est gouverner et administrer les quatre-vingt-six départemens de la France contemporaine et ses colonies plus ou moins productives et lointaines, autre chose gouverner la France de l’an IX et de l’an XII, magnifique de force et de richesse, frémissante dévie et de gloire, telle qu’elle surgit à nos yeux d’une simple feuille de répartition d’impôts d’un percepteur de village pour la « contribution foncière de l’an XII, » par exemple. Lisez sur ce papier jauni, couvert de la poudre des archives, ce tableau formidable des cent huit départemens français : Ain, Aisne, Allier, Alpes-Maritimes, Ardèche, tous ces noms connus, et tout à coup : Doire, chef-lieu Ivrée ; Dyle, chef-lieu Bruxelles ; Escaut, chef-lieu Gand ; Forêts, chef-lieu Luxembourg ; Jemmapes, chef-lieu Mons ; Léman, chef-lieu Genève ; Lys, chef-lieu Bruges ; Meuse-Inférieure, chef-lieu Maastricht ; Mont-Tonnerre, chef-lieu Mayence ; Deux-Nèthes, chef-lieu Anvers ; Ourthe, chef-lieu Liège ; , chef-lieu Turin ; Rhin-et-Moselle, chef-lieu Coblentz ; Roër, chef-lieu Aix-la-Chapelle, avec Cologne, avec Clèves ; Sambre-et-Meuse, chef-lieu Trêves ; Sezia, chef-lieu Verceil, où vainquit Marius ; Sture, chef-lieu Coni ; Tanaro, chef-lieu Asti,… en attendant que, plus loin, dans un dossier voisin, vous mettiez la main sur l’Etat général des directions de douanes en 1811, où vous lirez pêle-mêle : Bayonne, Bordeaux, Rotterdam, Amsterdam, Besançon, Hambourg, Wesel, Parme, Perpignan, Florence, Lyon, Rome, Gênes, Saint-Gaudens…

Cette France prodigieuse de 1811, levant les taxes douanières à l’embouchure de l’Elbe, au fond du Zuiderzée, comme au pied des monts de Fiesole et sur la Voie appienne ; administrant, par ses préfets et ses sous-préfets, un si vaste territoire et « des peuples sans nombre », à quelle somme était donc monté son budget ?