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différence entre 184 milliards et 200 milliards, 204 au plus, soit de 16 à 20 milliards au plus. Je sais autant que personne combien ces calculs sont sujets à discussion ; mais ils ont la même valeur relative en tout temps. On a toujours raisonné ; en ces matières, par leur moyen. On peut même les employer plus sûrement aujourd’hui que de 1851 à 1869, car les dissimulations étaient plus faciles et les taux d’évaluation moins élevés qu’ils ne le sont depuis les lois de 1871 et de 1875. Les résultats de la méthode sont donc plus concluans aujourd’hui qu’autrefois, où ils restaient nécessairement plus au-dessous de la réalité. En tout cas, ce qu’on ne peut contester, c’est le ralentissement, presque l’arrêt de la richesse publique, ainsi mesurée, depuis 1880. La réalité profonde de notre situation financière et économique apparaît bien plus clairement, si on examine non plus les vingt ou vingt-cinq dernières années, mais les dix dernières, pendant lesquelles les conséquences de l’exagération des dépenses se sont fait mieux sentir. Ainsi groupons d’une part les années, 1890, 1891, 1892 ; de l’autre les trois dernières années 1897, 1898, 1899, on trouve les chiffres suivans pour la valeur moyenne annuelle du commerce et des successions :

COMMERCE SPECIAL : Valeur moyenne :


Millions
1890, 1891, 1892 8 204
1897, 1898, 1899 8 031
Diminution 173
SUCCESSIONS ; Valeur moyenne :


Millions
1890, 1891, 1892 6 002
1897, 1898, 1899 5 717
Diminution 185

Or, 285 millions multipliés par 35 égalant 9 975 millions, c’est une diminution de près de 10 milliards dans la fortune publique, depuis dix ans.