Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 162.djvu/473

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 novembre.


La rentrée du Parlement a eu lieu chez nous le 6 novembre. On s’attendait bien à ce que, dès la réouverture de la session, il y aurait au Palais-Bourbon un débat sur la politique générale. Le cabinet était le premier à le désirer, et l’a provoqué en poussant à la tribune un interpellateur bénévole. Les incidens qui s’étaient produits pendant les vacances, surtout pendant les dernières semaines, rendaient des explications nécessaires. Les discours prononcés par M. Millerand à Lens et par M. Waldeck-Rousseau à Toulouse devaient avoir un écho au Palais-Bourbon. Malgré l’habileté de langage de M. le président du Conseil, on sentait bien qu’il n’était pas tout à fait d’accord avec M. le ministre du Commerce. Ce dernier est collectiviste, et il ne cache pas son opinion ; M. Waldeck-Rousseau a toujours professé des doctrines contraires, et il ne les renie pas. Ses intentions étant restées les mêmes, il ne s’aperçoit pas que, dans la pratique, il livre à ses adversaires d’hier, devenus ses amis d’aujourd’hui, le terrain qu’il défendait autrefois si vaillamment contre eux. Une discussion à ce sujet était inévitable : par malheur, au lieu d’éclairer l’horizon, elle l’a encore obscurci. Loin d’aborder la véritable question qui était en cause, M. Waldeck-Rousseau s’est efforcé d’en distraire les esprits par toutes sortes de diversions. Cette question, c’est celle que M. Millerand a posée à Lens dans les termes les plus catégoriques, en se faisant le champion du syndicat et de l’arbitrage obligatoires. Nous en avons parlé assez souvent pour n’avoir pas besoin d’y revenir : nos lecteurs savent ce que M. Millerand entend par là.

Mais qu’en pense M. le président du Conseil ? Il y aurait eu intérêt à le savoir, et on ne le sait encore que vaguement. M. Waldeck-Rousseau a bien dit qu’il déposerait un projet de loi sur l’arbitrage :