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LE
GÉNÉRAL DE LADMIRAULT[1]

SOUVENIRS D’UN OFFICIER D’ORDONNANCE

Le dimanche 14 août 1870, devant Metz, dans la plaine coupée par le ravin de Colombey, qui s’étend de Borny à Noisseville, le troisième corps de l’armée du Rhin soutenait, depuis deux heures, l’effort de la première armée allemande. Vers quatre heures du soir, lorsque, le dernier, il allait se mettre en mouvement pour passer, à son tour, comme le reste de l’armée, sur la rive gauche de la Moselle, tout à coup il s’était vu attaqué par le septième corps prussien que le premier vint bientôt soutenir. Moment solennel entre tous, où s’ouvrit la sanglante trilogie des batailles de Metz, quand, dans le grand soleil d’été, reparu depuis la veille, les soldats écœurés par l’humiliante retraite de cinq jours sous la pluie diluvienne, lassés de la longue attente qui, depuis le matin, les tenait immobiles, se dressèrent soudain, au bruit du canon, des sillons où ils étaient couchés, saluant d’une immense acclamation l’annonce du combat !

En un instant, il fut engagé sur toute la ligne, tout de suite acharné, d’abord à notre avantage, puis, à mesure qu’arrivaient les renforts ennemis, violemment disputé : maintenant, il

  1. Ces pages sont destinées à servir de préface à l’ouvrage qui doit paraître très prochainement, sous ce titre : le Général de Ladmirault. 1808-1898, par Jacques de La Fay, où, sous ce pseudonyme, déjà connu par les biographies d’autres hommes de guerre de notre temps, un écrivain distingué a retracé, avec son talent habituel, les services et les vertus d’un de ceux dont la mémoire mérite le mieux d’être honorée.