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s’est appliqué, en effet, à mettre en pratique cette formule et à faire de ce programme une réalité. Le Conseil supérieur de l’Assistance publique, entraîné par lui comme un conseil l’est toujours par une volonté forte, a précisé les catégories de malheureux auxquelles cette formule doit profiter : ce sont les enfans, les malades, les infirmes, les vieillards. Dans le discours qu’il a consacré à faire l’éloge de sa propre administration (on se serait étonné s’il en avait dit du mal), M. Henri Monod a pu énumérer avec une juste fierté ce que, depuis onze ans, elle a fait pour compléter, codifier, préparer les mesures administratives ou législatives nécessaires à l’application de ce programme. Il ne faudrait pas, en effet, que l’esprit de parti conduisît à méconnaître les progrès sérieux accomplis en France par la Direction générale de l’Assistance publique, qu’il ne faut pas confondre avec l’Assistance publique de Paris[1]. Passons sommairement en revue ce qu’elle a fait.

Pour les enfans, bien que le décret de 1811 y eût déjà pourvu, il y avait cependant à compléter et à étendre ce décret d’abord, en supprimant cette limite de douze ans au-dessus de laquelle l’enfant abandonné ou orphelin cessait de tomber à la charge de l’Assistance publique, car il y avait véritablement quelque chose de dérisoire et d’inhumain à présumer qu’à partir de douze ans, fille ou garçon, un enfant était en âge de gagner sa vie ; ensuite en fixant un tarif minimum pour les pensions des pupilles que l’Assistance confie aux familles ; enfin, en donnant un caractère obligatoire à ces dépenses pour les départemens, qui, théoriquement, auraient le droit de s’y soustraire, bien qu’en fait, cette résistance ne se soit jamais produite. Un projet de loi a été déposé, qui consacre ces améliorations et ces réformes. Il n’y a qu’à souhaiter qu’il prenne le pas sur d’autres projets à coup sûr beaucoup moins intéressans et qu’il finisse par être voté.

Faut-il aller plus loin et donner suite à certain projet sur l’Assistance maternelle que le Conseil supérieur de l’Assistance

  1. Ce n’est pas que l’Assistance publique de Paris, parfois un peu trop sévèrement jugée, n’ait réalisé aussi des progrès notables, surtout au point de vue de la multiplication, de l’agrandissement et de l’aménagement des bâtimens hospitaliers. On peut consulter avec profit à ce sujet un rapport tout récent et très bien fait du directeur actuel de l’Assistance publique, M. le docteur Napias. Mais ces progrès réels ont été singulièrement compromis par l’intrusion des préoccupations politiques et par l’esprit sectaire dont l’ancien Conseil municipal est en partie responsable.