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qu’entre les membres d’une commission centrale. Cependant la question mérite qu’on l’étudie de près.

Nul n’ignore que les diverses puissances européennes ont, depuis deux ans, dans un intérêt commercial, secondé les immenses préparatifs militaires de la Chine. Les troupes internationales ont découvert et détruit à Tien-tsin[1], en très grande quantité, des munitions et des armes des types les plus modernes, évaluées à 100 millions de francs.

En un an, d’après les calculs les plus précis, les envois de munitions et d’armes faits par l’Allemagne à la Chine auraient passé de 3 430 000 marks (1898) à 8 150 000 marks (1899). Il faut bien reconnaître que nous avons, de notre côté, déployé les plus grands efforts pour faire confier à des ingénieurs français la réorganisation technique et professionnelle de l’arsenal de Fou-Tchéou : aux termes du contrat signé le 11 octobre 1895 entre les représentans de la France et de la Chine, cet arsenal dut « être réorganisé de façon à pouvoir construire sur les cales actuelles des navires ne dépassant pas 2 500 tonneaux, en commandant en Europe les matériaux, les machines et l’artillerie que la Chine ne pouvait pas construire[2]. » Or les Novosti, de Saint-Pétersbourg, déclarent[3], à l’exemple de presque tous les journaux français, qu’on n’aura rien fait pour préserver la Chine de nouveaux ébranlemens tant que les puissances n’auront pas cessé d’armer cet empire, de lui livrer des cuirassés et de lui bâtir des arsenaux : il faudrait, à la conclusion de la paix, ajoute cette feuille, confisquer les canons et les fusils à tir rapide, empêcher les livraisons nouvelles, imposer même, non seulement la destruction de certains ouvrages fortifiés, mais encore un désarmement et la réduction des effectifs.

Le Président de la République française a déjà prohibé, jusqu’à nouvel ordre, dans la ; dernière semaine du mois de juillet, « la sortie de France, d’Algérie, des colonies françaises et pays de protectorat, de toutes les armes de guerre, pièces d’armes de guerre finies et munitions de guerre » à destination de la Chine et des pays limitrophes. A proprement parler, ce n’est pas là faire acte d’intervention : un État peut toujours suspendre, dans

  1. Télégrammes du 7 juillet.
  2. Le même contrat contenait la liste d’un personnel français à engager et prévoyait la réorganisation, par la France, des écoles annexes de l’arsenal.
  3. 4 septembre 1900.