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politiques que la destruction de la Cité interdite elle-même, qui pourrait confirmer la Cour dans son projet de déplacer la capitale, de l’établir en quelque ville de l’intérieur peu accessible aux Européens. Nous traitera-t-on de Vandales parce que nous émettons de pareilles propositions ? Mais n’est-ce pas l’humanité la plus élémentaire qui ordonne de prendre les mesures propres à empêcher le retour des épouvantables crimes auxquels nous avons assisté cet été, et peut-on le faire sans frapper la Cour et le peuple chinois dans leur amour-propre, sans leur prouver, surtout à la première, que cette supériorité dont ils se targuent n’est qu’un vain mot et qu’ils ne peuvent pas résister à notre force ? Tous ceux qui connaissent la Chine nous répondront.

L’octroi d’une indemnité raisonnable et le démantèlement des forts de Takou compléteront les réparations à demander pour le passé, qui constituent à elles seules les meilleures des garanties pour l’avenir. Il est parfaitement inutile de demander à la Chine de nouveaux droits pour les Européens : qu’elle observe exactement l’esprit et la lettre des traités de Tien-tsin qui remontent à 1858 ; qu’elle se conforme de même au traité de Shimonosaki et aux conventions qu’elle a signées de 1895 à 1898 avec la France et l’Angleterre, et les étrangers pourront vivre, commercer et prêcher le christianisme en Chine dans d’aussi bonnes conditions qu’ils peuvent le désirer. C’est l’exécution des traités qu’il faut obtenir, et rien ne vaudra pour cela le déploiement d’un peu d’énergie à Pékin.

Pour ce qui est des négociations proprement dites, les puissances paraissent heureusement s’être mises à peu près d’accord sur le fond, sinon sur les détails, en acceptant comme base de discussion les propositions formulées dans. la note française du commencement d’octobre, qui avaient d’ailleurs été habilement rédigées en s’inspirant des vues exprimées jusqu’alors par les divers gouvernemens, de façon à fournir un terrain d’entente. Ces propositions sont au nombre de six : 1° Punition des principaux coupables, à désigner par les représentans des puissances à Pékin ; — 2° Interdiction permanente des importations d’armes en Chine ; — 3° Paiement d’une indemnité équitable aux États et aux intérêts privés lésés ; — 4° Présence permanente à Pékin de gardes pour les légations ; — 5° Démantèlement des forts de Takou ; — 6° Occupation de deux ou trois points sur la route de Tien-tsin à Pékin, de manière à assurer la complète liberté d’allures des