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REVUES ÉTRANGÈRES


UNE VICTIME DU DARWINISME


Life and Letters of Thomas Henry Huxley, par M. Léonard Huxley,
2 vol. in-8o, Londres, 1900.


Il y avait à Londres, en 1859, un jeune naturaliste nommé Thomas Huxley, sur qui tous ses confrères fondaient les plus belles espérances. C’était, essentiellement, un « autodidacte, » ou, comme disent les anglais, un « homme fait par lui-même. » Il était né en 1825 à Ealing, où son père occupait l’emploi de sous-maître dans une petite école ; et bientôt son père avait dû quitter ce modeste emploi, de telle sorte que Thomas, le dernier de ses sept enfans, s’était instruit tout à fait au hasard, dévorant avec une égale passion la Géologie de Hutton et Wilhelm Meister, mais surtout s’imprégnant de l’obscure et puissante poésie de Carlyle. Il avait commencé, à quinze ans, un Journal de ses « Actes et pensées, » en épigraphe duquel il avait mis ces phrases de Novalis : « La philosophie ne peut pas cuire du pain, mais elle peut nous prouver Dieu, la liberté, et l’immortalité. Qu’on me trouve au monde une autre science plus pratique que celle-là ! » Et la rédaction de son Journal ne l’empêchait pas de continuer passionnément à s’instruire : à chaque page, il y notait des titres de livres qu’il aurait à se procurer, ou bien y résumait, en quelques lignes toujours très simples et très nettes, les connaissances nouvelles qu’il venait de tirer d’un ouvrage d’histoire, de grammaire, ou de métaphysique. En 1841, il était allé demeurer dans un faubourg de Londres, chez un de ses beaux-frères, qui était médecin ; et, tout en « assistant » son beau-frère (car