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particulièrement en chlorure de sodium. L’eau de mer se trouve dans le même cas. Elle pourrait, convenablement diluée, circuler dans les veines et remplacer, pour un temps, le liquide sanguin, comme nous avons vu que faisait la solution physiologique. Quelques naturalistes ont voulu voir dans ce fait une condition ancestrale ; il rappellerait les circonstances au milieu desquelles la vie animale est apparue sur notre globe, et où elle s’est longtemps maintenue, dans l’eau salée des mers paléozoïques.

Le chlorure de sodium serait donc un élément traditionnel du milieu propre à la vie animale, du sang et des humeurs organiques ; et l’alimentation salée, qui crée une atmosphère de chlorure de sodium autour des élémens anatomiques, ressouvenir des origines marines de la vie animale, relierait, en quelque sorte, la physiologie actuelle à celle des temps primitifs.

C’est, en effet, encore aujourd’hui, à l’eau de mer qu’est emprunté le sel alimentaire et le sel constituant de l’organisme. Il est extrait des mers actuelles à l’état de sel de salines, et des mers anciennes à l’état de sel gemme, ou de sel des lacs salés. On en rencontre, de l’une ou l’autre de ces provenances, à peu près partout. Le commerce, d’ailleurs, l’introduit dans les pays où, par quelque raison, aucune de ces sources diverses n’est exploitée ou ne l’est suffisamment.

Il est intéressant de voir ce qui se passe lorsque toutes ces conditions font défaut à la fois. C’est dans le centre du continent africain. Depuis le Sénégal et le Sahel à l’Ouest, jusqu’à la région des lacs à l’Est et, dans la direction nord-sud, du Sahara au Zambèze, il y a une vaste région, trop éloignée de la nier pour pouvoir en exploiter les eaux, où il n’existe pas, d’autre part, de gisement de sel gemme, et dont les populations, cependant, astreintes pour la plupart au régime végétal, éprouvent à un rare degré d’intensité le besoin du sel.

Comment se le procurent-elles ? La question est intéressante. Pour que la réponse soit claire, il faut établir des distinctions.

En premier lieu, il faut mettre à part les régions côtières. L’extraction du sel de l’eau de mer, au moins d’un sel impur, est si simple, elle est réalisée d’une manière ! si spontanée dans les climats chauds, que les populations du littoral, même les moins industrieuses, ont ton jours pu se procurer assez facilement ce complément obligé de l’alimentation végétale. Mais, dès qu’on