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Londres n’absorbe pas les emprunts qu’ils vont avoir à émettre ?

La modification des situations respectives des marchés de Londres, de Paris et de New-York se traduit d’une façon mathématique dans la cote des changes entre la première de ces places et les deux autres. Le change étant le prix de la monnaie d’un pays exprimé dans une autre monnaie, on comprend que, plus un pays est endetté vis-à-vis d’un autre, et plus sa monnaie sera offerte dans ce dernier. Or, le chèque sur Londres, c’est-à-dire la livre sterling, était cotée à Paris en octobre 1899 à 25 fr. 25 ; un an plus tard, elle ne valait plus sur centième marché que 25 fr. 10, ce qui indique la mesure dans laquelle les créances de la France sur l’Angleterre ont augmenté durant ces douze mois ; au cours de la même période, le prix de la livre sterling à New-York est tombé de 4 dollars 83 à 4 dollars 80 : la dépréciation a donc été d’environ trois cinquièmes pour cent, de la livre sterling par rapport au franc, et par rapport au dollar. L’Angleterre, dans les derniers temps, plaçait bon an mal an une somme d’environ 1 500 millions de francs en fonds d’Etat et chemins de fer coloniaux et étrangers, eu actions diverses de compagnies minières, d’exploration et autres. Il suffit qu’elle cesse d’employer de la sorte ses économies pendant un an ou deux pour fournira son propre gouvernement les sommes dont celui-ci pourra avoir besoin : mais elle deviendra d’autant moins créancière de l’étranger et elle jouera un rôle d’autant moins important dans le concert financier international qu’elle aura plus à faire chez elle et que les soins de son budget, de sa réorganisation financière et militaire l’absorberont davantage.


V

Tel est l’état actuel des finances et des marchés anglais. Nous n’en avons pas dissimulé la gravité. Nous avons montré les charges nouvelles imposées aux contribuables, l’abandon de la belle politique d’amortissement, de la Dette, qui avait été une des gloires de l’histoire de la Grande-Bretagne au cours des deux derniers tiers du XIXe siècle, le relèvement de certains droits de douane et d’accise, qu’une lignée de grands hommes d’Etat avait cherché sans relâche à abaisser. Nous n’exprimerions cependant pas notre pensée tout entière si nous n’ajoutions pas que nous croyons l’Angleterre de force à surmonter les difficultés