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seulement sans examiner ses statuts, sa régie, mais surtout sans examiner son passé, son esprit, ses tendances, les garanties qu’elle peut offrir, les dangers qu’elle peut présenter, les services qu’elle peut rendre d’après ceux qu’elle a déjà rendus. C’est toute une histoire à étudier, une longue vie à fouiller. « Les associations, a très justement dit M. Dufaure, se forment d’abord et durent toutes un certain temps avant de prendre le caractère d’associations autorisées, et, même lorsque l’autorisation est demandée, il est important que le gouvernement sache ce qu’elles ont fait indépendamment des litres qu’elles présentent. » Comment, avec le projet de loi, le gouvernement pourrait-il apprendre ce qu’il a besoin de savoir, étudier le passé d’une association, dès lors qu’il lui est interdit d’en avoir un, et qu’on frappe de peines sévères ceux qui auraient voulu quand même qu’elle vécut ?

« Après le vote de la loi nouvelle, dit M. Trouillot, avec une simplicité de langage qui sent un peu les dernières prières, sinon la fosse, les congrégations qui n’auront pas obtenu le hé milice de l’autorisation légale devront disparaître, » et connue on vient d’établir, — ce qui d’ailleurs ne fait de doute pour personne, — que cette autorisation ne sera pas accordée, si les congrégations font la vaine tentative de l’obtenir, c’est bien une hécatombe qu’où entend préparer ; ce sont, les bois qu’on dresse, d’où la question : pour quel méfait ou pour quel crime ? Comment les congrégations rentrent-elles dans la catégorie des associations de malfaiteurs, de celles que l’on a le droit de proscrire pour le dommage qu’elles causent à la chose publique ?


IV

Le seul motif que donne le projet de loi pour justifier les mesures (irises contre les associations religieuses, c’est que leurs membres vivent en commun. Rien autre ; il paraît que cela suffit.

On peut s’étonner de voir les auteurs de propositions relatives au droit d’association, les rapporteurs des projets de loi, célébrer à l’envi la, puissance, les bienfaits de l’association, et chercher à la rendre impossible, quand ses effets doivent prendre toute leur intensité et toute leur énergie par la condensation de tous les efforts dans une vie commune. Quel est donc ce mystère ? Comment se fait-il qu’on ne se préoccupe pas ou qu’on n’ait pas l’air