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autorisation ; quand on introduit cette nécessité dans la loi, c’est un droit nouveau que l’on crée.

La France concordataire est-elle absolument maîtresse de le faire ?

Pour tout homme éclairé et de bonne foi, deux choses sont certaines : la première, c’est que les congrégations religieuses ont toujours été considérées par l’Eglise catholique comme un de ses organes essentiels : son histoire, ses constitutions, les encycliques de ses papes, ses conciles, sont là pour le démontrer : — la seconde, c’est que le Concordat de 1801 n’a voulu enlever à l’Eglise aucun de ces organes, que, spécialement, il n’a pas supprimé les congrégations ; que, loin de là, ainsi qu’il vient d’être expliqué, il les a fait renaître.

Dans de telles conditions, comment se pourrait-il qu’aujourd’hui, en dehors de toute entente avec le Saint-Siège, correctement et sans porter atteinte aux principes du droit public, on fît voter une loi devant ou pouvant tout au moins avoir pour conséquence la suppression d’une grande partie des congrégations religieuses qui exercent en France leur ministère plusieurs fois séculaire, autorisé, encouragé par la papauté, et qui relèvent d’elle directement ?

Et, si l’on veut passer outre, ne s’expose-t-on pas à ce que la puissance dont on méconnaît les droits se défende avec les armes dont elle dispose ; que, par suite, notre situation, notre influence à l’extérieur, n’en éprouve un très grave dommage ?

Pour qu’on persiste à légiférer quand même, il faut vraiment que les griefs relevés contre les congrégations soient d’une nature bien particulière.

Quels sont-ils donc ?


VII

C’est que les congrégations religieuses se livrent à une action politique d’une telle audace et d’une telle nature qu’elles constituent un danger permanent pour l’indépendance du pays. Est-ce bien sérieusement qu’on dit ces choses, ou n’est-ce pas plutôt sous l’empire de ce sentiment généralement traduit en termes vulgaires, qui fait ; que, lorsqu’on veut se débarrasser des gens, on dit qu’ils ont la peste ou la lèpre ? Comment, en vérité, nous sommes tellement envahis par le monde clérical, monacal,