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LE
MÉCANISME DE LA VIE MODERNE

XX.[1]
LA PUBLICITÉ

La publicité dont il est ici question est celle qu’emploient, pour annoncer leurs produits, les fabricans et les marchands. C’est la plus voyante ; ce n’est pas la seule. Outre cette publicité industrielle et commerciale, appliquée à la recherche de gains matériels, il existe divers ordres de « réclames, » politiques, mondaines, littéraires ou artistiques, qui satisfont seulement le besoin démocratique de « faire parler de soi. »

Besoin très moderne, lié à notre nouvel état social. La vanité humaine, qui varie peu dans son principe, change de forme suivant les temps. Le prurit de publicité, qui démange les contemporains, tient au mélange plus intime des classes, au rôle prépondérant de l’Opinion banale, où chacun s’efforce de tenir autant de place qu’il peut ; parce que, de cette place, il tire ou croit tirer sa force, son honneur, voire sa jouissance. Désormais, point de pouvoir réel sans « popularité, » point de gloire parfaite sans « notoriété, » point ou presque point d’aristocratie durable sans un « retentissement » périodique et, chose plus

  1. Voyez la Revue du 1er janvier 1901.